Lorsque je me suis réveillé du long cauchemar provoqué par l'anesthésie, j'ai balbutié - comme l'aurait fait Godard à la belle époque de "Pierrot le fou"- le nom exécrable de cette égérie de l'intolérance qui a bien des forfaits à son actif : "Anastasie".
Anesthésie Anastasie...Anastasie Anesthésie...
Puis, bizarrement, reprenant conscience, j'ai revu en flash-back, un moment du cours de littérature de Laurent Michard dans sa classe de khâgne du Lycée Henri IV, consacré à la deuxième promenade des "Rêveries du promeneur solitaire" de Jean-Jacques Rousseau : "Je naissais dans cet instant à la vie et il me semblait que je remplissais de ma légère existence tous les objets que j'aperçevais. Tout entier au moment présent je ne me souvenais de rien ; je n'avais nulle notion distincte de mon individu, pas la moindre idée de ce qui venait de m'arriver ; je ne savais ni qui j'étais, ni où j'étais ; je ne sentais ni mal, ni crainte, ni inquiétude...Je sentais dans tout mon être un calme ravissant, auquel chaque fois que je me le rappelle je ne trouve rien de comparable dans toute l'activité des plaisirs connus."
Par l'écran de télévision, dans ma chambre, j'ai vu l'admirable cycliste sortir sur cette place Vendôme où nos ancêtres Communeux avaient abattu la colonne de la barbarie et du militarisme ; je me suis dit que la vie valait encore la peine d'être vécue tant qu'il y aurait des êtres humains capables de dire NON à l'intolérance, au totalitarisme, à l'imbécile obstination carriériste d'un politicien technocrate.
Quant aux obscurantistes de tout poil qui saluent par des cantiques obscènes et des borborygmes nauséabonds le départ de la Guyanaise, il faut les laisser pour ce qu'ils sont, des moutons affolés autour desquels aboient à qui mieux mieux les chiens enragés de la bien-pensance et de la réaction.
Pour ma part, j'ai le bonheur de refaire surface : je pisse rouge...
NB/ je remercie bien vivement toutes celles et tous ceux qui m'ont adressé des messages de sympathie.
Je les salue fraternellement !
Jean A.Chérasse