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Billet de blog 31 juillet 2014

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"Car j'ai vu trop souvent la pitié s'égarer"

Par cette phrase, qui pourrait parfaitement concerner aujourd'hui le génocide gazaouis, commencait un gros manuscrit que l'on a retrouvé dans une cantine militaire en fer, sous le lit de camp d'un officier aviateur du groupe 2/33, à Borgo (près de Bastia), au coeur de l'été 1944 . L'oeuvre en question sera publiée par les éditions Gallimard en 1948 sous le titre de "Citadelle". 

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Par cette phrase, qui pourrait parfaitement concerner aujourd'hui le génocide gazaouis, commencait un gros manuscrit que l'on a retrouvé dans une cantine militaire en fer, sous le lit de camp d'un officier aviateur du groupe 2/33, à Borgo (près de Bastia), au coeur de l'été 1944 . L'oeuvre en question sera publiée par les éditions Gallimard en 1948 sous le titre de "Citadelle"

Il y a soixante-dix ans, un 31 juillet, à peu près à la même heure où j'écris ce billet, le Commandant Antoine de Saint-Exupéry, aux commandes d'un P 38 lightning F 58, décollait de Corse pour une mission de reconnaissance photographique au dessus de la France occupée, en vue de la préparation du débarquement allié en Provence. Ce sera sa dernière mission.

"Car j'ai vu trop souvent la pitié s'égarer". Il n'est pas que la pitié qui se soit égarée. Ce sont aussi ces concepts sacralisés, situés au-dessus du soupçon, mais qui se sont peu à peu altérés et dont l'Histoire dénonce la fragilité : devant les consciences en loques, il faut peser, en les soustrayant à toute prévention, les valeurs de ces humanismes qui n'ont pas su faire barrage à la barbarie. Devant la ruine de l'Europe, il faut évaluer les structures collectives qui se sont effondrées...les décombres laissés par la deuxième guerre mondiale et cet ersatz de construction européenne, soixante-dix ans après.

Car la vision de Saint-Exupéry est terriblement actuelle. Une double méditation inquiète, d'une part, de l'architecture spirituelle qui vacille chez les individus, d'autre part des principes qui régissent l'organisation du pouvoir et la distribution de l'autorité.

"Citadelle" est le septième livre de l'auteur du "Petit Prince". C'est une oeuvre majeure qui se termine avec la fable des deux jardiniers amis qui s'adressent ce même message :

"Moi aussi, ce matin, j'ai taillé mes rosiers"

Jean A.Chérasse

NB/ après avoir surmonté les inombrables oppositions des ayants droits, j'avais essayé il y a une quinzaine d'années, d'adapter "Citadelle" pour le cinéma avec Ralph Fiennes dans le rôle principal. Le film, co-écrit avec Guylaine Guidez, Michael Sarda et Michel Quesnel, devait être produit par Daniel Toscan du Plantier... qui mourut sur les marches du festival de Berlin. Ce magnifique projet a rejoint désormais le cimetière des illusions perdues.

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