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Billet de blog 27 juin 2015

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Réforme des collèges : l’écueil des programmes

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les nouveaux programmes, qui devront être pertinents pour aider tous les élèves à progresser et faisables sans en larguer la moitié en route, sont un point central de la réforme. Or, ceux qui ont été proposés par le Conseil Supérieur des Programmes (CSP) sont un peu trop tirés par des doctrines de pédagogos.

Tout d’abord, il est nécessaire de respecter les pédagogues, les vrais, ceux qui s’intéressent à aider les enseignants à trouver leurs pratiques pour faire progresser les enfants. Cependant, il faut le reconnaitre il y a eu des dérives. Les services centraux de l’Education Nationale mettent trop d’importance dans des gadgets pédagogiques que tout le monde est censé vanter. Ils sont, trop souvent, incapables d'avoir une compréhension de la diversité des stratégies pédagogiques qui peuvent être mises en place dans une classe. Ils sont parfois incapable d'analyser ce qui marche vraiment et ce qu'il est lié à l'effet Hawthorne et aux compétences invisibles de l'enseignant.  Voici l’article qui explique la différence entre les pédagogos et les pédagogues sincères. http://blogs.mediapart.fr/blog/viviane-micaud/040514/comment-differencier-les-pedagogos-des-pedagogues-sinceres

Les grand principes de la réforme du collège sont bons.  Il s’agit d’un collège où on transmet les connaissances et compétences du socle et on aide à avancer en maturité les enfants de moins de 15 ans. Il y a eu un travail de fond réalisé le socle commun de connaissance, de compétence et de culture aujourd'hui paru au journal officiel. La finalité du socle et les domaines associés sont pertinents.

[La scolarité obligatoire] donne aux élèves une culture commune, fondée sur les connaissances et compétences indispensables, qui leur permettra de s'épanouir personnellement, de développer leur sociabilité, de réussir la suite de leur parcours de formation, de s'insérer dans la société où ils vivront et de participer, comme citoyens, à son évolution.

Le socle contient cinq domaines de formation qui définissent les grands enjeux de formation durant la scolarité obligatoire :

-          1° Les langages pour penser et communiquer

-          2° Les méthodes et outils pour apprendre

-          3° La formation de la personne et du citoyen

-          4° Les systèmes naturels et les systèmes techniques

-          5° Les représentations du monde et l'activité humaine

L’esprit de la réforme est tout à fait adapté pour résourdre les difficultés du collège.  Chaque enseignant devra pendant 80% du temps transmettre les connaissances et compétences liées à sa matière et 20% à faire progresser les enfants dans la maîtrise des fondamentaux (expression, calcul, apprendre à apprendre) et dans l'acquisition de compétences transverses qui seront utiles aux enfants dans leur vie d’adultes.

A priori, tout le monde va y gagner. Les plus en difficultés y gagnent car ils auront un soutien et ne seront plus dans la spirale de l’échec. Les meilleurs y gagnent car ils seront plus matures, ils auront mieux conscience des techniques d’apprentissages et ils auront plus l’occasion d'approfondir qu’auparavant par l’auto-apprentissage avec des ressources pédagogiques. Le fait qu’ils auront moins de connaissances scolaires à la sortie de la 3ème sera compensé par le fait qu’ils auront une meilleure capacité d’apprendre et ce qu'ils savent sera mieux ancré. Aussi, ils n’y aura pas de différence à la sortie du lycée Générale et Technologique. La Nation y gagne car il y aura moins d’adultes sans autonomie qu’il faudra accompagner toute leur vie.

Par contre, il y a des faiblesses dans la manière dont ont été rédigés les programmes. Ceux-ci sont trop tirés par la théorie du môme qui retrouve par lui-même les concepts que les esprits les plus structurés ont mis plusieurs millénaires à se stabiliser. Il donne des libertés inutiles qui vont faire perdre un temps monstre aux conseils pédagogiques aux dépens de la stratégie de mise en oeuvre des activités transverses et du soutien aux plus en difficultés. Par ailleurs, les enseignants débutants ont besoin de « kits de survie » dont l’emploi n’est pas obligatoire mais qui sont des bases qu’ils pourront adapter avant de définir leur propre approche pédagogique. Ce n’est pas possible avec des programmes trop flous.

Un article de Marianne est assez inquiétant, car ils suggèrent qu’il y aura un cadre basé sur ce programme trop flou pour les manuels scolaires. En particulier qu’il ne serait pas prévu l’enseignement de la grammaire en Français. Ce qui serait assez catastrophique. http://www.marianne.net/reforme-du-college-chapitre-2-opa-les-manuels-scolaires-100234939.html

La réforme du collège, et cela tout le monde en a conscience, doit être lié à une réforme de l’évaluation y compris celle de l’examen final : le brevet. Aujourd’hui, un élève qui maîtrise insuffisamment la lecture et l’expression se retrouve, à partir de la 4ème, devant des devoirs que quel que soit ses efforts il ne peut pas réussir. Les Dys sévères qui pourtant font les efforts nécessaires sont forcément largués alors qu’ils ont la capacité d’acquérir les notions. Aujourd’hui, il y a des programmes infaisables et des épreuves ridicules aux brevets de manière à ce que la majorité des élèves l’aient. Ce n’est pas satisfaisant.

Les études sur l’enseignement prioritaire sont formelles : ce qui marche pour l'acquisition des fondamentaux est l’enseignement explicite. On explicite la notion à apprendre et on fait des exercices pour l’ancrer. Si l'enfant n'a retenu la notion, on recommence en testant une autre manière d’apprendre, avec bienveillance et fermeté. C'est pour cette raison que les programmes doivent être clairs sur les notions à acquérir faisant parti des fondamentaux et et de leur progression.

Il y a les thèmes qu’il faut développer, les connaissances et compétences qui faut transmettre à la majorité des élèves dans chaque matière.

Il y a les compétences transversales (travail en équipes, respect, expression) à l’acquisition desquelles tous les adultes de l’établissement doivent contribuer.

Dans les connaissances et compétences du socle, certaines font partie des fondamentaux d’autres non. Pour les fondamentaux (lecture, écriture, calcul, connaissance des codes de la vie en société), le conseil pédagogique doit mettre les moyens nécessaires pour rattraper ce qui n’est pas acquis (indépendamment de toute notion de cycle) et ceci quelle que soit la cause du besoin spécifique de l’élève. Pour le reste, la liberté est laissée à l’enseignant (enseignements liés à une matière) ou au groupe d'enseignants concernés (enseignements tranversaux).

La notion de cycle est utile pour aider à construire les programmes et communiquer globalement sur les grands principes des programmes. Ce n’est pas la vision fonctionnelle pertinente pour aider l’enfant à progresser, comme je l’ai déjà écrit. Le conseil pédagogique doit pouvoir oublier la notion de cycle pour aider un enfant à progresser. Il doit mettre les moyens pour récupérer les fondamentaux qui ne sont pas acquis indépendamment de toutes les notions de cycle.

http://blogs.mediapart.fr/blog/viviane-micaud/201013/les-mecomprehensions-autour-des-cycles-d-enseignement

Outre les thèmes à développer, il faut clarifier les compétences et connaissances obligatoires de chaque matière par année. Une évaluation de celles-ci aura lieu. L’évaluation doit porter sur les connaissances et ne doit pas exclure ceux qui ont du mal avec l’expression. (Je n’ai rien contre les QCM à partir du moment où il est prévu des autres temps pour faire progresser tout le monde en expression : les dys, ceux qui ne l’ont pas acquise à cause de leur mauvaise volonté, ceux qui n’ont pas été scolarisés, etc…).

Il faut définir les compétences transverses qui devront également faire l’objet d’une évaluation mais qui seront dans une autre logique.

La règle fondamentale est que personne ne soit devant un devoir que quels que soient ses efforts, il ne peut pas réussir. Chacun doit avoir des défis à son niveau, ceux qui sont en difficulté car ils n’ont pas acquis les fondamentaux et ceux qui ont besoin de défis plus ambitieux pour s’investir dans le travail.

Pour ceux qui sont inquiet pour les meilleurs, je répondrais qu’aujourd’hui, il y a un nivellement par les élèves moyens. Ce nivellement nivelle les meilleurs et exclut les plus en difficultés.  Or, il est possible de ni niveler, ni exclure personne, en donnant à chacun des défis qui sont cohérents avec les domaines où il doit progresser.

En résumé, il faut revoir les programmes, en intégrant les aspects manuels scolaires et l'évaluation des connaissances et compétences en s’appuyant sur d’autres bases qu’aujourd’hui.

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