Donc effectivement, nous nous sommes promenés la semaine dernière sur les décombres de la gauche de gouvernement, de son pendant socialiste (social-démocrate, social-réaliste ou social-traître, c’est selon) qui nous a offert d’aussi inoubliables leaders que François Hollande, Jacques Delors ou Laurent Joffrin (inoubliables, on a dit) jusqu’à son pendant communiste (depuis le Kremlin jusqu’à la mairie de Villejuif, plus qu’un parti, un concept). Et ce, évidemment, en passant par leur rejeton, le souverainisme de gauche, fièrement défendu par le lion de Belfort (Chevènement), même si la crinière de ce dernier s’est quand même un peu déplumée.
Mais trêve d’énumération passéiste et rétrograde. Le modernisme est en marche, incarné par le pendant, le produit de la décroissance radioactive inéluctable du communisme. Celui qui l’a remplacé dans son habitat naturel, le groupuscule d’extrême gauche. J’ai nommé le déconstructiviste. Il a troqué l’égalité pour l’intersectionnalité, voit dans le positionnement assumé, exigé, meaculpé de l’individu la clé d’une société plus juste et pense que mettre les hommes dans des cases est d’une pertinence inversement proportionnelle à la taille de la case. Le déconstructiviste déconstruit (normal, me direz-vous, c’est dans le nom). Effectivement, mais tout. Il part du principe que celui à qui il s’adresse, s’il ne partage pas ses opinions, a tort. Non pas du fait de ce qu’il pense (haha, cette blague, je me gausse… ahem), mais par ce qu’il est. Le déconstructiviste exècre les vieux blancs, d’ailleurs, pour faire mieux, on peut même dire vieux mecs blancs, ou vieux mâles blancs, il ne reconnait ni liberté, ni libre arbitre, voit en tout et dans tout le produit d’une société quintessentiellement inégalitaire (ce qui, blague à part, est très loin d’être aussi con que je le fais paraître). Pour autant, sur l’autel de l’égalité des luttes, le déconstructiviste ne voit pas ce qu’il pourrait y avoir d’intéressant, de pertinent, voire, soyons fous, de logique à reconnaître que le capitalisme est une matrice structurelle des inégalités (mais j’arrête, je suis céciphobe, je me moque des aveugles). En bref, il est permis de penser que le déconstructiviste finira un jour par se déconstruire lui-même. Et à dire vrai, pas certain que la lutte pour l’égalité s’en porte plus mal.
Enfin, last but not least, comme dissent nos amis british (haha, la gauche britannique, je me re-gausse…ahem). J’ai nommé l’écologiste alarmiste. The end is near, les amis (beaucoup d’anglais ici… enfin). Le péril climatique est là, c’est bientôt, c’est demain, c’est dans une heure, j’espère que vous avez pris votre café et êtes passés aux toilettes d’ailleurs, c’est tout de suite en fait. Mais l’écologiste alarmiste peut nous sauver. Comment, me direz-vous ? Par des actes politiques pertinents et sensés sur le long terme visant à rendre aux dirigeants élus un vrai pouvoir de décision ? Par une réflexion scientifique, logique et rationnelle sur l’avenir que nous voulons, la façon dont la technologie pourrait permettre d’y accéder via une politique industrielle cohérente ? Haha (je me re-re-gausse, il faut décidément que j’arrête). Non, par de belles incantations, un mépris de la compétence scientifique, la responsabilité sociale des entreprise, l’autonomisation des individus et, et et un peu de yoga, quand même (il est bon d’avoir le colon souple). Enfin, je ne vais pas vous faire, du 100 % renouvelables à la plantation d’arbres en ville jusqu’au SUV électrique le bréviaire de l’écologiste alarmiste, vous m’avez compris. Ce dernier voit la tempête qui s’annonce (c’est son mérite), et cours se réfugier dans la maison en paille (#TroisPetitsCochons4Ever). Le fait de croire dans le réchauffement climatique ne dispense pas de réfléchir, et j’entends évidemment par réfléchir, raisonner. Scientifiquement. Désolé.
Bon, et bien voilà pour notre tour d’horizon… Rien de fou… Soupesons les choses à la louche, quelque chose comme 10 à 15% de socio-démocrates, un gros 5% tout mouillé de souverainistes et de communistes, peut être la même de déconstructivistes, et quoi, allez, un 10% d’écologistes. Taillé à la serpe, ça peut nous faire un 30% au premier tour de la présidentielle (allez paf, une tarte à la crème, disons que c’est en mémoire de Manuel Valls). Rien d’inenvisageable à avoir une gauche au second tour, donc. Mais ça, c’est si quelqu’un arrive à faire voir à ces braves gens que bon, les lignes rouges là, et bien, en fait, elles sont peut-être rose pâle, en fait. Et pour ça, on est pas encore sorti des ronces.