Je comprends que la responsabilité n’est pas une contrainte mais un lien.
Cet album est un coup de poing émotionnel.
Accompagné par les dessins de SolAnge (avec une mise en couleurs d’Alep), Bulle se livre comme peu d’êtres humains osent le faire. C’est fort, bouleversant, violent en émotions mais tellement profond !
Cet album ne se raconte pas, ne se résume pas, il se vit, il se lit. Bulle se confie par « flashs », allant de l’enfance à son âge actuel, progressant pour être mieux, pour s’accepter, pas à pas. Elle soulève sa « différence » (elle n’appréhende pas la vie comme les autres personnes), parle du dysfonctionnement familial sans juger, en étant factuelle. Elle pose des mots sur ses maux, et se faisant, elle avance.
En écrivant, en décrivant, ce qui la faisait sans doute souffrir, elle le met à distance. Je ne dis pas qu’elle oublie mais cela devient moins envahissant et ça laisse de la place à autre chose. Elle peut aimer et s’aimer avec plus de sérénité, elle s’apaise et les croquis sont alors plus « doux ».
Ce qu’elle écrit est clair, sans faux semblant, c’est une mise à nu, en toute liberté.
Les dessins qui soutiennent le texte sont très « parlants ». Parfois un gros plan, sur un objet, ou une partie du corps de la personne qui s’exprime, permet d’insister sur le « message » à transmettre. La coloration d’Alep est dans différents tons (bleu, vert, sépia..) mais c’est la même pour toute la case (sauf de rares exceptions). Elle est pour moi très bien faite, avec des zones quelques fois plus denses, plus sombres, tout en nuances. Elle souligne parfaitement les croquis.
Scories est un recueil poignant où l’on retrouve tout ce qui « porte » un être humain : sa force et sa fragilité….