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Écrivain, journaliste et traducteur, William Navarette est né à Cuba en 1968. Son enfance et son adolescence ont été marquées par la dictature avant qu’il puisse fuir (à 23 ans) et s’installer en France (il a été naturalisé français). Il milite dans des associations en lien avec les droits humains. Dans ce livre, il pointe du doigt les dérives du pays qu’il a quitté, la complaisance des autres états, il partage son expérience et s’interroge sur l’avenir qui paraît bien sombre dans cette « prison à ciel ouvert ». Il est très conscient de la « chance » qu’il a de vivre en France et de pouvoir voyager et il témoigne de cette liberté si chère à son cœur.
« Nous étions comme lobotomisés », lorsqu’une dictature s’installe et qu’on n’a connu que ça, c’est presque comme si c’était « la normalité » donc on accepte, on a peur, mais on ne peut pas lutter… Par exemple, chez les plus jeunes, les élèves admirent souvent leurs enseignants alors dans ce cas-làces derniers en profitent pour passer des messages, pour endoctriner. Soit les parents pensent la même chose, soit ils essaient de lutter et d’ouvrir les yeux de leurs enfants. Mais rien n’est simple, le joug pèse comme une chape de plomb…
William Navarette, dont la famille maternelle était en exil, faisait partie des « gusanos » (les vermines pour le gouvernement). Comment s’intégrer, trouver sa place quand vous êtes rejeté ? Il nous explique que Fidel Castro n’a pas été le premier dictateur, ce fonctionnement avait déjà été présent en 1924 et il y avait eu une révolution. Ceux qui s’opposaient choisissaient l’exil (je ne savais pas que Robert Desnos avait aidé un écrivain à fuir) mais difficile de tout laisser derrière soi.
J’ai beaucoup appris en lisant ce récit édifiant. Je ne savais pas que l’Église catholique et le gouvernement américain avaient accueilli des petits cubains et que les parents n’avaient pas pu forcément les retrouver, c’est révoltant ! L’auteur explique comment la propagande est utilisée pour tromper les habitants, édulcorer la réalité et travestir les faits. S’il n’y a qu’une source d’information, impossible de comparer…
William Navarette ne peut pas retourner à Cuba, ce serait se mettre en danger. Certains de ses compatriotes, restés sur place, se taisent car ils craignent pour leur famille. Ils sont surveillés, le moindre acte, le plus petit mot peuvent être interprétés …. Il le dit, lui il peut écrire, parler, sa mère vit en Floride et il n’a plus de proches là-bas.
Son écriture, très humaine, nous plonge dans le quotidien, dans le passé, on sent qu’il n’a rien laissé au hasard. D’autre part, les remerciements, en fin d’ouvrage, montrent la place de sa Maman, qui lui a ouvert les yeux, qui a éveillé son militantisme. Elle ne lui cachait rien et lui a présenté les événements avec intelligence.
Cette lecture m’a bouleversée, elle met des mots sur l’indicible, l’inacceptable et nous rappelle, si besoin est, les risques d’installer un dictateur à la tête d’un pays….