I. Tu m’as fait infini, tel est ton plaisir. Ce frêle calice tu l’épuises sans cesse et le remplis sans cesse à neuf de fraîche vie.
Cette petite flûte de roseau, tu l’as emportée par les collines et les vallées et tu as soufflé, au travers, des mélodies éternellement neuves.
À l’immortel toucher de tes mains, mon cœur joyeux échappe ses limites et se répand en ineffables épanchements.
Tes dons infinis, je n’ai que mes étroites mains pour m’en saisir. Mais les âges passent et encore tu verses et toujours il reste de la place à remplir.
...
CIII. Dans une salutation suprême, mon Dieu, que tous mes sens se tendent et touchent ce monde à tes pieds.
Pareil au nuage de juillet traînant bas sa charge d’averses, que mon esprit s’incline devant ta porte dans une suprême salutation.
Que les cadences de mes chants confluent en un accord unique et rejoignent l’océan de silence dans une suprême salutation.
Pareil au troupeau migrateur d’oiseaux qui, nuit et jour, revolent impatients vers les nids qu’ils ont laissés dans la montagne, que ma vie, ô mon Dieu, s’essore toute vers son gîte éternel dans une suprême salutation.
.
Rabindranath Tagore
.
D'autres citations de Tagore se lisent ici:
https://blogs.mediapart.fr/wawa/blog/250123/lhomme-est-juste-degrossi-la-femme-est-un-produit-fini
…