La Ve République : entre garde-fous gaulliens et dérives césaristes
Lorsque Charles de Gaulle, en pleine campagne présidentielle de 1965, s’exclame : « Croyez-vous qu’à 67 ans je vais commencer une carrière de dictateur ? », il ne nie pas que le régime qu’il a fondé en donne les moyens. Il reconnaît implicitement que la Ve République, par son architecture institutionnelle, permettrait à un président de dériver vers un pouvoir personnel excessif. Ce n’est pas la Constitution qui protège de la tentation césariste, mais la vertu supposée du chef.
De Gaulle, en concevant un exécutif fort, voulait conjurer l’instabilité des régimes précédents. Mais il s’en remettait à sa propre retenue pour éviter la dérive autoritaire. Ses successeurs, eux, ont parfois renforcé les leviers du pouvoir sans en préserver les contrepoids.
Chirac et Sarkozy : accélération du pouvoir présidentiel
Jacques Chirac, en 2000, fait adopter la synchronisation des scrutins présidentiels et législatifs. Ce choix, présenté comme pragmatique, facilite l’élection automatique d’une majorité présidentielle. Il accentue la présidentialisation du régime en alignant les dynamiques électorales sur la figure du chef de l’État.
Nicolas Sarkozy, qui succède à Chirac en 2007, poursuit cette trajectoire en modifiant l’article 68 de la Constitution. En supprimant la référence explicite à la haute trahison comme motif de destitution, il étend l’immunité présidentielle. Ce geste, discret mais significatif, réduit la portée symbolique des garde-fous républicains, en rendant plus difficile la mise en cause du président.
Maintien de l’ordre : une verticalisation sécuritaire
Ce danger césariste est accru par l’évolution du maintien de l’ordre. L’augmentation des effectifs, la montée en puissance des unités spécialisées, et le renforcement des équipements policiers traduisent une logique de contrôle plus verticale. Les doctrines du maintien de l’ordre se durcissent, les marges de contestation se réduisent, et la puissance exécutive s’appuie de plus en plus sur une force publique suréquipée. La sécurité devient un levier de légitimation du pouvoir, au risque d’éroder les libertés fondamentales.
La Ve République glisse ainsi d’un régime de responsabilité vers un régime de personnalisation. Le césarisme, que De Gaulle redoutait tout en l’incarnant partiellement, devient une possibilité structurelle — non plus contenue par la vertu, mais facilitée par les réformes et les dispositifs sécuritaires.
Ce n'est pas la vérité qui divise et affaiblit.  
C'est le refus de la chercher ensemble.
Liens vers la CPT (proposition de Constitution Provisoire de Transition) :  
Le texte : http://lc.cx/CPT-pdf  
Les questions fréquentes : http://lc.cx/FAQ-CPT  
Le site : http://cpt.wikicratie.fr
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