Pourquoi se comprend-on si peu quand on débat
Les malentendus entre individus peuvent surgir de multiples sources, souvent entremêlées. Ils ne relèvent pas uniquement d’un défaut de langage, mais d’un ensemble complexe de facteurs liés à la communication, à la psychologie, à la culture et au contexte.
Tout d’abord, il peut y avoir une incompréhension des positions respectives : chacun parle depuis son propre point de vue, sans toujours chercher à comprendre celui de l’autre. Même lorsque les intentions sont bonnes, les personnes peuvent mal s’exprimer, choisir des mots inadéquats ou utiliser un ton qui trahit leur pensée.
Le canal de communication lui-même peut être inadapté : un message complexe transmis par SMS, une émotion exprimée par mail, ou une discussion sérieuse menée dans un environnement bruyant. Les paramètres techniques jouent aussi un rôle : distorsion du son, parasites, écho, affaiblissement du signal… tout cela peut altérer la réception du message.

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Le codage du message est une autre source de confusion. Si les interlocuteurs ne partagent pas la même langue, ou si l’un articule mal, utilise des termes trop techniques ou des références culturelles inconnues, le message peut être mal interprété. Même lorsque la langue est commune, la grammaire ou la sémantique peuvent poser problème : un mot peut avoir plusieurs sens, une phrase peut être ambiguë.
Les filtres mentaux et les grilles d’analyse personnelles déforment aussi le sens. Chacun interprète les mots à travers ses croyances, ses expériences, ses attentes. Ce phénomène est amplifié par les biais cognitifs, qui poussent à entendre ce qu’on veut entendre, ou à rejeter ce qui dérange.
Enfin, des facteurs psychologiques peuvent bloquer la réception du message : le déni, la peur, la colère, le stress, ou simplement un manque d’attention. Parfois, le message est bien formulé, bien transmis, mais il ne peut pas être entendu parce que le récepteur n’est pas prêt à l’accueillir.
À tout cela s’ajoutent les différences culturelles, les rapports de pouvoir, les émotions non verbalisées, les gestes contradictoires, les silences mal interprétés… La communication humaine est un art délicat, où le moindre détail peut faire basculer le sens.
Pour éviter les malentendus, il est essentiel de choisir le bon canal, d’adapter son langage, de vérifier la compréhension, de rester attentif à l’autre, et surtout, de cultiver l’écoute active et la bienveillance.
Clarifier sans alourdir
• Simplifier sans simplisme : évite le jargon inutile, mais conserve les nuances essentielles. Préfère des exemples parlants à des définitions abstraites • Segmenter le discours : découpe ton propos en blocs logiques, avec des transitions explicites. Cela aide l’auditoire à suivre le fil sans se perdre • Anticiper les malentendus : identifie les points sensibles ou ambigus et prends le temps de les expliciter, mais seulement quand c’est nécessaire
Gérer l’attention fluctuante
• Varier le rythme : alterne entre moments denses et respirations (humour, anecdotes, questions rhétoriques) • Utiliser des signaux d’écoute : “Ce point est crucial”, “Gardez bien cela en tête”, “Vous allez voir pourquoi c’est important…” — ces balises captent l’attention • Reformuler les idées clés : répéter intelligemment, sous des angles différents, permet de fixer les notions sans lasser
Maîtriser l’oralité
• Soigner l’intonation et le débit : une voix monocorde ou trop rapide perd l’auditoire. L’intonation guide la compréhension • Utiliser le silence : une pause bien placée permet à l’auditeur de digérer, de se recentrer, et d’éviter les anticipations erronées • Regarder et ajuster : observe les visages, les réactions. Si tu sens que l’attention baisse, change de registre ou pose une question
Préparer le terrain cognitif
• Énoncer les intentions : “Je vais vous expliquer cela en trois étapes”, “Ce que je veux vous faire comprendre, c’est…” — cela cadre l’écoute • Déjouer les biais d’anticipation : en surprenant, en inversant les attentes, en posant des questions pièges, tu forces l’auditoire à rester actif • Créer un pacte de clarté : dès le début, annonce ton souci d’être compris, invite à la vigilance, et propose une posture d’écoute bienveillante
Cultiver la présence
• Être pleinement là : la sincérité, l’engagement corporel et émotionnel créent une connexion qui dépasse les mots • Accepter l’imperfection : tu ne peux pas tout contrôler. Mais tu peux créer les conditions pour que le sens circule au mieux