Des justifications à déconstruire ou à revoir.
La séparation des toilettes par genre est souvent défendue au nom de la sécurité des femmes, de la préservation de l’intimité et du respect des habitudes culturelles. Mais ces arguments méritent d’être interrogés.
Si chacun a le droit d'être protégé, dire que les femmes doivent être protégées des hommes dans les toilettes revient à essentialiser les hommes comme des prédateurs. C’est une vision sexiste qui naturalise la violence au lieu de la combattre par l’éducation et la responsabilisation. (Et même dans cette vision, les hommes sont plus en situation de porter secours à une femme agressée)
Quant à l’intimité, elle est assurée par l’architecture des toilettes — cabines fermées, portes verrouillables. Le genre de la personne dans la cabine voisine n’a aucune incidence sur la protection de l’intime.
Enfin, les habitudes culturelles ne sont pas des fondements immuables. Elles évoluent. La banalisation de l’homosexualité et la reconnaissance des identités trans et non-binaires montrent que les repères genrés ne sont plus des piliers stables de l’espace public.
• La sécurité ne justifie pas l’exclusion
• L’intimité est une affaire d’architecture, pas de genre
• Le confort subjectif de la majorité ne peut primer aux dépends de la dignité des minorités.
Une architecture du tri social
Les toilettes genrées ne sont pas neutres. Elles sont un dispositif de tri, un lieu où l’identité est validée ou contestée. Pour les personnes trans, non-binaires ou intersexes, ce tri peut être humiliant, dangereux, voire impossible.
Trois régimes d’accès coexistent aujourd’hui : les toilettes genrées strictes, qui conditionnent l’entrée au sexe biologique ou au genre assigné ; les toilettes genrées inclusives, qui reposent sur l’identité vécue ; et les toilettes non genrées, accessibles à tous, avec des cabines individuelles.
Chaque régime révèle une tension entre inclusion, contrôle et confort. Les toilettes neutres sont les seules à garantir une dignité universelle, mais elles nécessitent une refonte des normes et des infrastructures.
• Les toilettes genrées trient les corps et les identités
• Les toilettes neutres incluent sans condition
• L’espace public doit évoluer avec les droits
Vers une capsule pédagogique : “Qui a le droit d’uriner où ?”
Ce débat mérite d’être formalisé dans une capsule critique. Elle pourrait articuler :
• Une généalogie historique des toilettes genrées (XIXe siècle, hygiénisme, patriarcat spatial)
• Une typologie des régimes d’accès et leurs effets sociaux
• Une cartographie des conflits contemporains (écoles, prisons, lieux publics)
• Une critique des justifications à l’aune des droits fondamentaux
• Des scénarios d’architecture inclusive (cabines universelles, design participatif)
Ce n’est pas la vérité qui divise et affaiblit.
C’est le refus de la chercher ensemble.
Liens vers la CPT (proposition de Constitution Provisoire de Transition) :
Le texte : http://lc.cx/CPT-pdf
Les questions fréquentes : http://lc.cx/FAQ-CPT
Le site : http://cpt.wikicratie.fr
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Vos retours nourrissent la réflexion collective, il n’y a pas de démocratie sans débats.