1. Une éducation à la déresponsabilisation
Nous sommes responsables par nature, mais l’éducation nous apprend à déléguer cette responsabilité. Dès l’enfance, on nous conditionne à obéir : aux parents, aux enseignants, puis aux institutions. Si les figures d’autorité sont bienveillantes, cela peut sembler rassurant — mais c’est aussi infantilisant.
L’école, loin de former des citoyens autonomes, produit des individus soumis à l’autorité du maître, du professeur, du rectorat. Elle impose des récits historiques souvent éloignés de la réalité, au service d’un roman national qui fédère, certes, mais au prix d’une uniformisation idéologique. Cette unité ne repose pas sur des valeurs naturelles ou démocratiques, mais sur une fiction politique.
2. La citoyenneté confisquée par le système représentatif
Dans le système actuel, les citoyens ne participent pas aux choix de gouvernance sur les sujets essentiels : économie, fiscalité, lois sociales, éducation, justice, santé, police, infrastructures… Ces décisions sont prises par des élus, investis par des partis, sans mandat impératif et souvent en méconnaissance de cause.
Le vote devient un acte de délégation aveugle. On choisit un candidat souvent inconnu, uniquement parce qu’il est soutenu par un parti qui nous semble moins pire qu’un autre. On vote parfois pour ses promesses, mais plus souvent pour éviter l’élection d’un adversaire. Ce réflexe défensif est encouragé par les sondages et les règles du scrutin, qui nous poussent à voter contre plutôt que pour.
3. Le piège du jeu électoral
En participant aux élections, nous validons un système qui ne nous permet pas d’exprimer ce que nous voulons réellement. Nous acceptons les règles du jeu, qui autorisent un élu à décider librement pendant cinq ans, sans nous consulter, sans possibilité de révocation.
Même si l’on doute que des décisions collectives soient toujours les meilleures, il est encore plus douteux que des élus, redevables à leur parti, à leurs soutiens financiers et à leurs réseaux militants, soient les mieux placés pour défendre l’intérêt général.
4. Pour une démocratie réelle : reprendre la souveraineté
La démocratie ne peut se réduire à un rituel électoral. Elle suppose la participation directe du peuple aux décisions qui le concernent. Cela implique de repenser nos institutions, de remettre en question le monopole des partis, et d’instaurer des mécanismes de contrôle citoyen : mandat impératif, révocabilité, tirage au sort, référendum d’initiative citoyenne…
Ce n’est pas l’utopie qui menace la démocratie, mais l’habitude. Sortir du confort de la délégation, c’est retrouver le sens du mot “citoyen” : celui qui agit, décide, et construit le commun.