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Billet de blog 22 octobre 2025

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Pour une laïcité du savoir : douter sans être disqualifié

Face aux certitudes proclamées, aux discours verrouillés et aux oppositions caricaturées, il devient urgent de défendre une posture de lucidité critique : celle qui refuse de croire sans comprendre, et qui réclame le droit de douter sans être exclu du débat.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je suis né dans un monde où Louis Pasteur était un héros, où les vaccins incarnaient le progrès, et où la science semblait marcher main dans la main avec la vérité. J’ai grandi dans un environnement qui ne remettait pas en cause ces fondements. Et pourtant, aujourd’hui, je doute. Non par rejet, mais par exigence.

Ce doute n’est pas une posture de rejet. C’est une forme d’agnosticisme face aux vérités proclamées, une laïcité du savoir qui refuse de transformer les connaissances en dogmes, et les chercheurs en prêtres. Car lorsque les camps cessent de dialoguer, lorsque les oppositions sont disqualifiées avant même d’être entendues, les savoirs deviennent des croyances, et les croyances des armes.

La gestion de la crise du Covid a révélé cette dérive. Les incohérences, les censures, les injonctions contradictoires ont semé le trouble. Les opposants, au lieu d’être invités au débat, ont été réduits au silence. Et ce silence, loin de les affaiblir, leur a donné de la force. Car dans le vide du dialogue, les mains tendues deviennent des symboles.

Mais ce doute s’enracine aussi dans une observation plus structurelle : la recherche scientifique est aujourd’hui dépendante du pouvoir politique et économique. En France, plus de 60 % du financement de la recherche publique provient de dotations budgétaires de l’État. Les chercheurs doivent répondre à des appels à projets, se conformer à des orientations stratégiques, parfois à des priorités idéologiques. Et lorsqu’ils ne le font pas, leurs travaux risquent de ne pas être financés, ni diffusés.

À cela s’ajoute la pression des financements privés, souvent issus de groupes industriels mus par la recherche du profit. Cette double dépendance — publique et privée — fragilise l’indépendance intellectuelle des chercheurs, et peut induire des biais dans la production du savoir. La science devient alors un champ de compétition, de diplomatie, voire de marketing, plutôt qu’un espace de vérité.

Mais il serait malhonnête de ne pas reconnaître qu’une partie de la contestation elle-même porte en elle des dérives obscurantistes. Théories fumeuses, manipulations émotionnelles, rejet global de la méthode scientifique : ces postures extrêmes portent ombrage à la critique légitime, et offrent aux autorités un prétexte commode pour ne plus écouter personne. En refusant de distinguer le doute éclairé du rejet irrationnel, on confisque le débat au profit d’une guerre de récits.

Je ne suis pas un rebelle. Je suis un citoyen. Et à 69 ans, ayant vécu l’essentiel de ma vie, je refuse de me taire. Non par provocation, mais par devoir. Car penser librement est un acte politique, et le mettre au service du bien commun est un acte de responsabilité.

Je ne propose pas une vérité alternative. Je propose un espace de pensée. • Où le doute est légitime • Où le débat est réel • Où la pluralité des voix est une richesse, non une menace

Si nous voulons une démocratie apaisée, il nous faut rompre avec les mantras clivants, et retrouver le goût du dialogue. Il ne s’agit pas de renoncer à la science, mais de la libérer de ses enfermements. Il ne s’agit pas de renoncer à l’autorité, mais de la soumettre à l’épreuve du débat.

Ce n’est pas la vérité qui divise et affaiblit. C’est le refus de la chercher ensemble.
Liens vers la CPT  (Constitution Provisoire de Transition) 
• Texte PDF de la CPT  lc.cx/CPT-PDF 
• FAQ sur la CPT  lc.cx/FAQ-CPT 
• Site officiel de la CPT cpt.wikicratie.fr 
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