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Billet de blog 26 septembre 2025

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Police et douleur : repenser la formation pour servir le bien commun

Des douleurs infligées par la police non accidentelles. Ce texte interroge les fondements de la formation policière en démocratie et appelle à une refondation éthique et politique de la force publique.

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Une critique structurelle, pas une dénonciation ponctuelle Ce texte est une tentative de modélisation critique de la formation policière en régime démocratique. Il part d’un constat simple : la douleur infligée par les forces de l’ordre n’est pas toujours un accident. Elle est parfois une réponse structurée, enseignée, assumée. Il appelle à une refondation du rapport entre force publique et conscience morale. Il s’inscrit dans mes travaux sur la démocratie et la pédagogie du bien commun.

La douleur comme symptôme d’un pouvoir déformé Il est des évidences qu’on tait parce qu’elles dérangent l’architecture implicite du pouvoir. Les policiers, dans une démocratie digne de ce nom, devraient être désolés — sincèrement — de devoir infliger des douleurs à des citoyens qui se battent pour des causes justes, même si parfois de manière maladroite ou contre-productive. Ce regret actif, cette conscience du dilemme, devrait être au cœur de leur formation. Comme une infirmière doit être désolée des douleurs qu'elle inflige à un enfant qui hurle en nettoyant sa plaie.

Une formation tournée vers l’affrontement Mais ce n’est pas le cas. La formation policière actuelle — en France comme ailleurs — ne prépare pas à la complexité morale. Elle prépare à l’affrontement. Elle sélectionne, implicitement, des profils qui aiment se battre. Et elle les arme, non seulement physiquement, mais psychologiquement : par une culture de la confrontation, une rhétorique de l’ordre, et une logique de l’ennemi intérieur.

De la force mesurée à la domination du corps Résultat : au lieu d’un usage mesuré et douloureux de la force, on observe trop souvent une jouissance vengeresse, une excitation punitive, une confusion entre maintien de l’ordre et domination du corps. Ce n’est pas une question de bavure. C’est une question de structure. La douleur infligée devient un outil de dissuasion, un langage institutionnel, une réponse réflexe à la contestation. Et ceux qui la portent ne sont pas formés à la regretter — ils sont formés à l’assumer.

Vers une refondation morale et politique Il est temps de refonder. De penser une police du discernement, une police du bien commun, une police qui sache faire la différence entre la menace et la maladresse. Et surtout, une police qui sache que la douleur, même légale, est toujours un échec.

Cette refondation ne serait pas seulement un geste moral — elle serait un acte politique de réconciliation. Elle ôterait une légitimité certaine au slogan “Tout le monde déteste la police” et aux tags ACAB, non pas par répression symbolique, mais par transformation structurelle. Car ce n’est pas l’existence de la police qui est rejetée — c’est la manière dont elle est incarnée, formée, et déployée. Une police du discernement, une police du bien commun, rendrait ces slogans obsolètes par sa propre cohérence. Elle ne demanderait pas à être aimée — elle serait simplement respectable.

Démocratie et gouvernail : une métaphore du pouvoir partagé Ce texte s'inscrit dans mes réflexions sur la démocratie. Terme incompatible avec gouvernance générale : même si le gouvernail doit être utilisé en cas d'urgence, il freine les efforts des rameurs qui n'en ont pas besoin pour influer sur la direction de l'embarcation. Il nourrit la réflexion mais n'a pas de portée immédiate. La priorité étant de permettre au peuple de prendre le contrôle des institutions — non pas contre mais avec la police, débordée et submergée mais pas écrasée.

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