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Billet de blog 1 août 2021

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NO KID NO SPEAK

Et quand tu rentres chez toi, ça te colle toujours aux oreilles, tu entends les gosses de ton immeuble encore plus fort que d’habitude.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tu vas à une rencontre d’anciens élèves de ton collège, tout près du village de ta naissance. Tu y vas seule, parce que tu veux être célibataire. Tu rentres dans le bar. Tu es la seule qui arrive sans que ça braille autour. Tu sens bien qu’il y a un truc qui ne colle plus. Tu respires l’odeur de tétine. Tu te demandes ce que tu fous là-dedans. Tu pensais être bien plus forte que cette merde de pensée unique qui vient d’envahir la pièce. Tu penses parler de tes sorties culturelles, de tes voyages. T’as pas de voiture, t’as pas de maison, t’as pas de landau, t’as pas de photos sur le frigo, tu discutes pas. On t’a jamais aussi mal considérée. Tu penses que c’est parce que tu as grandi avec ces gens que leur parole compte. Cette parole pleine de préjugés, de lieux communs, de « c’était le plus beau jour de ma vie » 10 fois de suite. Tu les écoutes s’éloigner de toi, si vite, si violemment. Tu y avais bien réfléchi à ce moment, tu avais vu les photos un peu partout. Tu savais que c’était pas pour toi. Mais t’as voulu y aller, t’as voulu te taper 8 heures de train, t’as voulu vérifier par toi-même.
Et quand tu rentres chez toi, ça te colle toujours aux oreilles, tu entends les gosses de ton immeuble encore plus fort que d’habitude. Tu traines ça comme un chewing-gum mal mâché, t’en fous partout, tu regardes plus le ciel de la même façon. Tu restes bloquée à Epinac.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.