XipeTotec (avatar)

XipeTotec

Eleveur de xoloitzcuintles

Abonné·e de Mediapart

120 Billets

1 Éditions

Billet de blog 17 janvier 2014

XipeTotec (avatar)

XipeTotec

Eleveur de xoloitzcuintles

Abonné·e de Mediapart

Paul Krugman et la politique scandaleuse de François Hollande

XipeTotec (avatar)

XipeTotec

Eleveur de xoloitzcuintles

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans le New York Times daté d'aujourd'hui, Paul Krugman, "prix Nobel" d'économie 2008, dénonce un scandale qui n'a rien à voir avec la vie privée de François Hollande. Traduction synthèse de son article :

Il était clair dès le départ que François Hollande n'allait pas rompre avec l'orthodoxie européenne. Mais sa prise de position lors de la dernière conférence de presse montre que les difficultés économiques en Europe ne sont pas dues seulement à la droite.

AFP

Après la crise de 1929, les économies européennes ont pu réémerger et connaître une croissance importante dès le milieu des années Trente. Aujourd'hui, il n'en est rien. Le PIB européen réel par habitant reste bien en deçà de ce qu'il était en 2007. Pourquoi les Européens ne parviennent-ils pas à se redresser ? Dans les années Trente, ils avaient rompu avec les politiques orthodoxes en renonçant par exemple à l'étalon-or, à l'obsession de l'équilibre budgétaire et en relançant l'activité industrielle (militaire).

Aujourd'hui, l'Europe est un endroit plus civilisé que dans les années Trente, un dispositif de protection sociale limite les souffrances, la coordination des politiques a permis d'écarter les menaces d'un effondrement financier. Malheureusement, l'effet secondaire de cette situation est que les gouvernements s'accrochent aux politiques orthodoxes. Par exemple, personne n'a abandonné l'euro, même s'il s'agit d'une "camisole de force". Il n'y a pas de relance industrielle. Ne pas bouger fait durer la crise.

Dans ce contexte dépressif, la France n'est pas plus mauvaise que les autres. Elle est évidemment à la traîne derrière une Allemagne portée par ses formidables capacités exportatrices. Mais, sur bien des aspects, la France a de meilleures performances que les piliers de l'orthodoxie (Pays-Bas, Finlande). Néanmoins, elle ne profite pas de la légère reprise. La plupart des observateurs, y compris le FMI, en imputent la responsabilité aux politiques d'austérité. Et les dernières déclarations de François Hollande suscitent même un sentiment de désespoir.

En annonçant que "l'offre crée la demande", il fait écho à l'erreur depuis longtemps démystifiée et discréditée de Jean-Baptiste Say. Tout montre au contraire que la France a des ressources productives qui sont au ralenti parce que la demande est insuffisante. Il suffit de regarder le mouvement de désinflation. Le mouvement européen vers la déflation rejoint les errements du passé du Japon.

C'est le malheur du centre-gauche en Europe. Depuis des années, l'Europe est en proie à des politiques d'austérité désastreuses et une légère reprise est considérée comme un signe de victoire politique. Compte tenu de ces difficultés, on aurait attendu un changement de cap de la gauche. Mais partout en Europe, elle a sombré dans la soumission (à l'exception de faibles critiques en Grande-Bretagne).

Quand Hollande est devenu le président de la seconde économie de la zone euro, certains espéraient qu'il prenne position. Il a au contraire pris la posture habituelle, qui a fini par se transformer en effondrement intellectuel. La seconde grande dépression de l'Europe va continuer.

Illustration 2

Paul Newman, dans La Toile d'araignée (1975)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.