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Billet de blog 26 septembre 2014

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Le contrat d'association entre l'Union européenne et Kiev adopté à l'unanimité ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Au Parlement ukrainien, le groupe communiste a été dissous depuis le 24 juillet. Les néo-nazis de Svoboda et de Pravy Sektor tiennent le haut du pavé. Il se saisissent de deux députés du parti des Régions. Vitaly Zuravszkij, embarqué de force, est jeté dans une poubelle (Vitaly Zuravszkij avait participé à la négociation entre le président Ianoukovitch et les émissaires de l'Union européenne qui a précédé le coup d'Etat du 22 février). Idiёt Ocharovatilny est enlevé lors d'une conférence de presse. Parallèlement, une trentaine de membres de Pravy Sektor occupent l'entrée du Parlement. 

Это фактически Йолка номер два. Очароватильный идиёт. © Borislav Bereza

Capture de Idiёt Ocharovatilny au Parlement ukrainien

(http://www.hidfo.net/2014/09/16/kijev-ellen-fordult-jobb-szektor)

Журавський в смітнику. 16.09.14 © Dmitriy Chigrin

Vitaly Zuravszkij entouré des partisans d'Euromaidan à Kiev

Nous sommes le 16 septembre. C'est le moment de l'adoption du contrat d'association entre l'Union européenne et l'Ukraine (Kiev).

Par écrans télévisés interposés, le Parlement de l'Union européenne va voter simultanément le même texte. Le député européen Jean-Luc Mélenchon décrit un moment de dégoût :

"Deux votes seulement pour prononcer une annexion économique. Mais l'hémicycle était bondé. Auparavant, il y avait eu une « discussion » entre des rangs certes bien plus clairsemés. Elle portait sur cet accord. Elle était sidérante. Un nombre incroyable de va-t-en-guerre se succédaient pour exiger des mesures de représailles contre la Russie. Je pense que, dans de telles circonstances, on ne se contente pas seulement d'être intellectuellement affligé par la pauvreté des vues que de telles déclarations violentes expriment. On prend conscience du danger d'avoir des élites ou supposées telles à ce point aveuglées dans des moments de l'Histoire aussi tendus qu'à présent. Mais ce jour-là, le pire était encore à venir. Soudain, Martin Schultz, le président de l'Assemblée, dans le style habituel de ses aboiements les plus impératifs, nous demande de nous asseoir et de nous taire. Il s’agissait de pouvoir commencer une séance où l'on voterait en même temps, les uns sous les yeux des autres, grâce à la magie audiovisuelle, au Parlement de Kiev et à Strasbourg, l'accord de coopération entre l'Ukraine et l'Union Européenne. On subit d'abord une petite harangue après laquelle toute demande de prise de parole contraire fut interdite. Puis la parole fut donnée au président de l'Ukraine.

C'était trop pour nous. En tout cas pour moi. Je me levais et je quittais la salle aussi bruyamment que je le pus. En même temps que moi sortirent mes collègues portugais et les Espagnols de Podemos ! Ensuite sortirent également les Grecs de Syriza, la gauche de Die Linke et divers autres courageux. C'est peu dire que nous étions fort fâchés. Cette retransmission en duplex était une pression insupportable. Le refus de la parole était odieux, surtout au moment même où le président de séance nous infligeait de si touchantes odes a la démocratie. Et enfin, c’était vraiment trop de devoir supporter d’entendre, sans pouvoir répondre, un oligarque corrompu comme celui qui préside l'Ukraine. A plus forte raison en le voyant parler devant un Parlement d'où les députés communistes ukrainiens ont été exclus ! Toute cette comédie avait commencé sous les applaudissements nourris d'un bord à l'autre de l'hémicycle, la droite, les sociaux-démocrates et même les Verts pétaradants de joie et confis de postures héroïques. Après la harangue de l’oligarque ukrainien, l'enthousiasme était moins vif. Seule la droite applaudissait. Je note cependant que quelques Français se sont abstenus dans les rangs de l'UMP, dont Alain Cadec député breton. « si l’on veut la guerre totale, c’est comme ça qu’il faut continuer » dit-il très amer ! J'ai voté contre cet accord pourri, cela va de soi. Après le résultat du vote, le bel enthousiasme du début reprit ses droits : la droite, les sociaux-démocrates et les Verts, les uns debout les autres assis, applaudissaient l'heureuse conclusion de cette grossière provocation."

Le journal Libération a pu ainsi saluer la ratification de l'accord d'association que le président Ianoukovitch avait refusé de signer :

S’exprimant devant les députés, le président ukrainien Petro Porochenko, arrivé en mai au pouvoir, a jugé que cette ratification à l’unanimité marquait un «premier pas» vers l’adhésion à l’UE de l’Ukraine. «Le vote d’aujourd’hui est un choix de civilisation de l’Ukraine. L’Ukraine, c’est l’Europe», a proclamé le Premier ministre Arseni Iatseniouk.

Illustration 3
677655-le-president-ukrainien-petro-porochenko-montre-au-parlement-a-kiev-l-accord-historique-d-association

L'accord fièrement brandi par le président Porochenko

Le 18 septembre, deux jours plus tard, le parlement européen, sans pouvoir législatif mais on le voit ayant un grand pouvoir de nuisance, votait une résolution appelant notamment à isoler entièrement le système financier russe du reste du monde en coupant le réseau SWIFT. Le vote final a eu lieu à main levée. Une déclaration de guerre.

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