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Billet de blog 5 décembre 2024

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La dialectique de la marchandisation du corps féminin entre répression et réduction

Le corps féminin est un champ de bataille symbolique, un objet où se croisent des forces sociales, économiques et idéologiques. Le débat sur la couverture et la découverte du corps féminin n’est pas seulement une question de choix ou de liberté individuelle, mais un indicateur flagrant d’une dynamique de pouvoir et de contrôle dans des sociétés patriarcales.

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Le corps féminin comme outil de contrôle

Le corps de la femme, selon une analyse foucaldienne, est soumis à une régulation sociale et culturelle qui trouve sa légitimité dans des rapports de pouvoir. La couverture du corps, souvent présentée comme un impératif moral ou religieux, ne sert en réalité qu’à masquer un dispositif de contrôle patriarcal. L’idée de « protéger » la femme, en la couvrant, repose sur la notion de « honneur » qui, loin de valoriser la femme, la traite comme une source de tentation qu’il convient de cacher.

Le dévoilement : un nouveau mode de domination

À l’opposé, le dévoilement n’est pas nécessairement synonyme de libération. Il est une forme d’extension du système de domination. Dans le cadre du capitalisme et de la culture de consommation, le corps féminin est réduit à un objet d’exposition et de désir, ce qui le transforme en marchandise. Le corps est alors mis en spectacle, et la femme, loin de se libérer, est à nouveau contrôlée, cette fois par les normes de beauté et les attentes sociales qui l’encadrent.

Une même monnaie : la marchandisation du corps féminin

Ainsi, la couverture et le dévoilement ne sont que deux faces d’une même pièce : celle de la marchandisation du corps féminin. Dans les deux cas, la femme est vue comme un objet – soit pour être préservée et cachée, soit pour être exhibée et consommée. Cela révèle une contradiction fondamentale dans la façon dont la société pense la liberté des femmes : dans ce jeu de domination, la liberté est réduite à un choix entre deux formes de contrôle.

Vers une révolution de la liberté

Comme le soulignait Simone de Beauvoir dans Le Deuxième Sexe, la femme est toujours définie par rapport à l’homme, dans une relation d’altérité. La couverture et le dévoilement ne font que renforcer cette altérité. Le véritable émancipation des femmes ne peut s’accomplir qu’en libérant leur corps de cette fonction symbolique et en le reconnaissant comme un être autonome. Comme l’a affirmé Nawal El Saadawi, il est essentiel de briser cette boucle vicieuse où le corps féminin devient un champ de bataille idéologique.

Pour que la femme se libère réellement, il ne suffit pas de remettre en question les apparences de la couverture ou du dévoilement. Il s’agit d’une révolution plus profonde, une réappropriation du corps féminin comme espace autonome et individuel, affranchi de toute instrumentalisation. La véritable liberté ne réside pas dans la conformité à des normes de beauté ou dans la soumission à des exigences morales extérieures, mais dans l’autodétermination totale du corps et de l’esprit.

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