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Billet de blog 11 avril 2025

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De la collaboration á l’oubli

Sous couvert de démocratie, la France glisse vers une xénophobie d’État, armant des criminels de guerre tout en criminalisant la solidarité. Ce texte mêle mémoire et lucidité : de la collaboration sous l’Occupation à la résistance palestinienne d’aujourd’hui, il dévoile les visages multiples de la trahison et de la dignité.

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De la Collaboration à l’Oubli : Évariste, les lettres de l’infamie, et l’écho brûlant de la Palestine

I. Démocratie confisquée et État complice : l’effondrement moral

La France ne gouverne plus, elle manœuvre. Ce qui s’exerce aujourd’hui sur le pays n’est plus le fruit d’une légitimité populaire, mais l’imposition brutale d’un pouvoir technocratique, hors-sol, opaque, répressif. Une “gauche” convertie à la gestion du capital, une “droite” décomplexée, et une extrême droite qui n’a plus besoin de conquérir : on lui a ouvert les portes.

La République, qui se disait lumière, avance désormais dans l’obscurité des lois liberticides, de la répression politique, du racisme d’État et de l’allégeance aux puissances impérialistes.

Thomas Sankara, qui connaissait la mécanique coloniale, disait avec lucidité :

« L’impérialisme est un système d’exploitation qui s’appuie sur la domination économique, mais aussi sur la culture et l’idéologie. »

Et c’est bien ce que nous vivons : un glissement idéologique orchestré. Une France qui finance les bombes d’Israël sur les enfants de Gaza, qui criminalise la solidarité avec les peuples opprimés, qui interdit des manifestations, expulse des étudiants palestiniens, dissout des collectifs d’aide humanitaire.

C’est la même France qui, sous couvert de “sécurité”, traque ses minorités, interdit les abayas, militarise les écoles, réprime les quartiers, démantèle les droits sociaux et construit un État raciste par institution. Ce n’est plus un écart républicain : c’est une trahison.

II. Collaboration d’hier, complicité d’aujourd’hui : la mémoire dévoyée

Évariste, dans la vieille ville de Narbonne, collectait des lettres de dénonciation sous l’Occupation. Ces documents sont des reliques et des éclats de vérité. Ils montrent que la collaboration n’était pas l’exception honteuse, mais bien un phénomène de masse. Des voisins dénonçaient des Juifs, des Arabes, des résistants — non pas toujours par idéologie, mais souvent par peur, par jalousie, par soumission.

L’administration française jouait le rôle de relais actif de la machine nazie.

Dans un grenier, Évariste trouva cette phrase glaçante d’un commissaire local :

« La sécurité de la communauté prime les droits de l’individu. »

C’est ce que répète aujourd’hui la République de 2025 pour justifier la surveillance des mosquées, la criminalisation de la parole militante, l’interdiction des conférences sur la Palestine. Le mot “sécurité” est devenu le prétexte de toutes les complicités.

Comme le disait Amílcar Cabral :

« On ne libère pas un peuple en remplaçant un colon blanc par un oppresseur noir. La vraie libération, c’est l’émancipation politique et culturelle. »

Mais la France d’aujourd’hui ne veut ni émancipation, ni vérité. Elle recycle les anciens langages coloniaux dans les habits neufs de la République.

III. Criminaliser la résistance, blanchir la barbarie

Che Guevara l’avait compris : « Les puissants appelleront terroriste tout acte qui menace leurs privilèges. »

Et c’est bien ce qu’on vit. Hier, les résistants français étaient qualifiés de “terroristes” par Vichy. Aujourd’hui, les Palestiniens sont qualifiés de terroristes par l’Occident. L’étiquette n’a pas changé. Ce qui a changé, c’est la géographie de l’oppression.

Quand un maquisard sabotait une voie ferrée en 1943, il entrait dans l’Histoire. Quand un enfant palestinien jette une pierre en 2024, il est assassiné et effacé.

Quand De Gaulle appelait à “continuer le combat”, c’était l’honneur national. Quand un dirigeant du Hamas ou du FPLP appelle à résister, c’est “l’incitation à la haine”.

Deux poids, deux mesures ? Non. Deux camps.

Nelson Mandela, devenu icône mondiale, fut longtemps considéré par les États-Unis et le Royaume-Uni comme un terroriste. Il rappelait :

« Il est toujours considéré comme illégitime de se rebeller, jusqu’à ce que la victoire rende la rébellion respectable. »

IV. Mémoire comme combat, vérité comme arme

Le travail d’Évariste est un miroir tendu. Il ne collectionne pas des reliques : il exhume les mécanismes de l’oubli. Les lettres qu’il lit sont celles qu’on pourrait écrire aujourd’hui. Les dénonciations, les arrestations préventives, les fichages : rien n’a disparu.

Ce ne sont pas seulement les corps qui sont traqués aujourd’hui, ce sont les consciences. Ce qu’on interdit, c’est la lucidité. Ce qu’on détruit, c’est la mémoire partagée des luttes.

Car enseigner la résistance palestinienne comme un acte de dignité, c’est déjà subvertir l’ordre du récit. C’est dire : les opprimés ne sont pas des barbares, ce sont des combattants. C’est refuser la hiérarchisation des douleurs, des morts, des deuils.

C’est aussi reconnaître que les résistances se répondent — dans les montagnes de Kabylie, les dunes du Sahara, les ruelles de Naplouse ou les ghettos de Soweto.

Et cette vérité-là, l’ordre dominant ne peut la tolérer. Car elle l’accuse.

V. Ne pas oublier. Ne pas se taire.

« Il n’est pas de témoignage de civilisation qui ne soit aussi un témoignage de barbarie », écrivait Walter Benjamin.

Aujourd’hui, écrire, parler, manifester, créer — c’est déjà résister.

Ce texte, inspiré par les archives d’Évariste, est une tentative de filiation. Il dit que la collaboration d’hier est devenue la complicité d’aujourd’hui. Que la mémoire est une arme, et que les figures comme Che Guevara, Mandela, Cabral, Sankara doivent nous servir de boussole, pas d’icônes inoffensives.

Refuser l’oubli, c’est reprendre le combat là où il a été abandonné.

Car comme le disait Che :

« Nous devons durcir sans jamais perdre la tendresse. »

Et c’est dans cette tension que se joue notre dignité : entre la lucidité la plus tranchante, et l’amour inconditionnel des peuples qui refusent de mourir en silence.

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