CEDEAO: UNE MUTATION CALAMITEUSE CONTRE LES PEUPLES.
LA CEDEAO DES PEUPLES CONTRE LA CEDEAO DES PRÉSIDENTS
Une des pires malédictions consiste à prêter le flanc à une thèse que l'on vous sert dans le but de vous asservir, et encore plus, de vous réduire en vulgarisateur de cet asservissement.
A l'évidence, les caciques de la CEDEAO et de l'UEMOA sont frappés de ce syndrome faisant d'eux les serviteurs zélés de machinations tendant à mettre le Mali sous domination non pas d'entités africaines, mais extérieures et ne connaissant que des rapports de prédation dans les liens avec l'Afrique sub-saharienne.
Cette volonté multiséculaire s'est toujours traduite par l'acharnement à imposer aux États d'Afrique des dirigeants à la botte d'intérêts privés extra-africains.
Les Africains ayant des idées émancipatrices sont traînés dans la boue, pourchassés, traqués comme des animaux ou assassinés par des mains africaines téléguidées du dehors.
Les institutions africaines, à cause du manque de volonté des dirigeants pour leurs financements, sont mis sous perfusion par des puissances étrangères qui leur dictent les conduites à suivre. La CEDEAO fait partie de ces institutions africaines instrumentalisées.
Nous en avons eu la preuve le dimanche 09 janvier 2022 quand, avec l'UEMOA qui n'avait rien à faire à Accra, la CEDEAO, avec un chapelets de décisions ridicules et stupides a mis le peuple malien et ses dirigeants au banc, embargo, fermeture des frontières, gel des avoirs...
Pourtant les statuts de la CEDEAO ou de l'UEMOA n'autorisent aucunement de telles sanctions contre un pays membre.
Le chapitre 2 portant sur des modalités de mise en œuvre et des sanctions du PROTOCOLE A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne gouvernance additionnel au protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité de la CEDEAO stipule en son article 45:
- En cas de rupture de la Démocratie par quelque procédé que ce soit et en cas de violation massive des Droits de la Personne dans un Etat membre, la CEDEAO peut prononcer à l’encontre de l’Etat concerné des sanctions.
- Lesdites sanctions à prendre par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement peuvent aller par graduation :
- Refus de soutenir les candidatures présentées par l’Etat membre concerné à des postes électifs dans les organisations internationales ;
- Refus de tenir toute réunion de la CEDEAO dans l’Etat membre concerné ;
- Suspension de l’Etat membre concerné dans toutes les Instances de la CEDEAO ; pendant la suspension, l’Etat sanctionné continue d’être tenu au paiement des cotisations de la période de suspension.
- Pendant ladite période, la CEDEAO continuera de suivre, d’encourager et de soutenir tout effort mené par l’Etat membre suspendu aux fins de retour à la vie institutionnelle démocratique normale.
- Sur proposition du Conseil de Médiation et de Sécurité, il peut être décidé à un moment approprié de procéder comme il est dit à l’Article 45 du Protocole.
Mais pris d'un accès d'hystérie de groupe, les pontes de la CEDEAO ne se sont pas embarrassés de telles contingences, ils ont frappé brut , ils ont cogné ostentatoire.
Ces décisions, ces capitulaires sont l'émanation de nouveaux commandos de la françafrique. Ce clan de renégats, thuriféraires françafricains, est amené par quelques brigadiers miliciens: Alassane Dramane Ouattara, arrivé au pouvoir par un coup d'État de l'armée française sous Nicolas Sarkozy avec la complicité des Nations-Unies entre autres contre Laurent Koudou Gbagbo en 2010, et qui s'est maintenu au pouvoir par un tripatouillage électoral suivi d'un autre coup d'État électoral en 2021, assassinant au passage plusieurs dizaines d'Ivoiriens; Faure Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005 suite à un coup d'État constitutionnel ayant pour maître d'œuvre l'ancien doyen de la faculté de droit d'Aix-en-Provence, Charles Debbasch, un voyou poursuivi en France dans l'affaire de la fondation Vassarely, mort le 08 janvier 2022; Mohamed Bazoum, verbe haut et ton tranchant, un nouveau porte-flingue de la françafrique, à propos duquel "Le canard enchaîné" dans son N° 5276 du 22 décembre 2022 écrit ceci: " Le président du Niger, Mohamed Bazoum, considéré à l'Elysée comme un véritable ami, a pourtant "exigé une enquête des autorités françaises" sur les incidents survenus le 27 novembre (2021) à Téra, lors d'une manifestation contre un convoi militaire français. A la suite des tirs (attribués soit aux gendarmes nigériens, soit aux militaires français) on a déploré 3 morts et 17 blessés. Réponse de Florence Parly, la ministres des Armées: " Il y a eu une enquête interne (...). Nos soldats ont eu la réaction adéquate" (le "JDD", 19/12.
"Adéquate"? Le propos est trop ambigu pour être satisfaisant"; Nana Akufo Addo, le monsieur avait donné une illusion panafricaniste à sa première rencontre avec Emmanuel Macron, maintenant le voilà metteur en scène des basses œuvres illégales de la CEDEAO, maître de cérémonie qui sonne l'hallali dont le Mali est la bête aux abois, passant de la splendeur à la décadence intellectuelle.
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Un retour sur Mohamed Bazoum est nécessaire, un cas particulier. Il n'a rien trouvé à rétorquer aux propos de Florence Parly sur le meurtre de 3 jeunes et 17 blessés. On l'a connu plus tonitruant sur d'autres registres, notamment quand son maître de l'Élysée lui ordonne de cogner sur le Mali. Maintenant, il serait conseillé par Moustapha Ould Limam Chafi, l'ancien conseiller de Blaise Compaoré au temps de sa splendeur. Pour qui connait les pratiques de Blaise Compaoré, le doute n'est pas permis sur les avantages que Mohamed Bazoum compte tirer de son alliance avec ce "conseiller" de l'ombre bien spécial.
Je reviens sur Alassane Dramane Ouattara qui s'est spécialisé en accueil des criminels comme lui: Blaise Compaoré qui l'avait aidé à imposer la guerre en Côte d'Ivoire pour écarter Laurent Gbagbo et qui est devenu Ivoirien, le voyou criminel malien Karim Keïta, présumé commanditaire de l'assassinat du journaliste Birama Touré du journal "Le Sphinx" en 2016 entre autres crimes économiques et aux mœurs bien sulfureuses.
Quant à Macky Sall, il n'est pas vraiment d'accord avec les sanctions de la CEDEAO, son pays aussi y perd beaucoup et son peuple est solidaire du peuple frère du Mali, mais vautré dans cette lâcheté propre aux dirigeants de la sous-région, il suit le mouvement d'ensemble du syndicat des chefs d'État.
Si encore ces agissements répondaient aux intérêts des peuples de la sous-région et donc du Mali, on aurait pu y accorder un minimum de crédit. Mais à Abidjan, Cotonou, Lomé, Ouagadougou, Conakry, Niamey, Dakar les peuples sont atterrés de la désinvolture et l'illégalité des décisions prises contre le Mali.
De fait, nous assistons à une réminiscence de l'histoire des peuples noirs.
Durant la traite négrière comme pendant la conquête coloniale, certains Africains avaient pactisé avec les négriers et les colons et une vision tronquée de l'histoire a fait de ces évènement l'essentiel de la traite et de la colonisation. D'où les expressions: les noirs se sont vendus entre eux. Cette distorsion de l'histoire demeure encore une thèse défendue par bon nombre d'historiens négationnistes occidentaux et africains. Il explique aussi l'inimitié de certains afro-descendants des Caraïbes et d'Amérique pour les Africains: vos ancêtres ont vendu les nôtres.
Le même phénomène nous rattrape aujourd'hui, quinze chefs d'État, sous influence étrangère, se réunissent, toute honte bue, pour mettre des millions de leurs frères sous embargo.
Ce faisant, ils nous replongent dans le "foccarisme" (Jacques Foccart). Des assassinats de panafricains; des coups d'État folkloriques comme entre David Dako et Jean Bedel Bokassa en République Centrafricaine ou plus récemment en Côte d'ivoire depuis 2010.
Vous, dirigeants de la CEDEAO, avez décidé que la volonté du peuple malien est devenue un casus belli. Vous menacez même d'envahir le pays avec vos armées que les Maliens auraient aimé voir à leur côté aux moments des déferlements de hordes d'assassins payés pour mettre le pays à feu et à sang et que l'on appelle commodément "terroristes" pour justifier l'occupation du pays.
Nous vous disons que vos nouveaux maîtres ont déjà vendu leurs âmes au diable, Emmanuel Macron a donné la Légion d'honneur à Jean François Cirelli, représentant de BlackRock, le 1er janvier 2020 sur proposition de son premier ministre d'alors, Edouard Philipe. BlackRock, un fond de pension étasunien, est la plus importante société en gestion d'actifs, plus puissante que la banque mondiale et qui veut imposer la retraite par capitalisation en France. Elle y arrivera parce qu'Emmanuel Macron a déjà dissout le peuple français. L'Assemblée Nationale et le Sénat, donc le Parlement, sont composés de députés et sénateurs majoritairement godillots.
Alors, on voit le sort qu'il fait à son propre peuple. Et sous vos "magistères" il lance l'assaut encore et encore en Afrique.
Monsieur Mohamed Bazoum, votre combat est d'abord de contribuer à ce l'uranium du Niger, qui permet à la France d'avoir du courant à moindre coût, soit acheté à un prix juste et profitable aux Nigériens, pas de bomber le torse contre les Maliens.
Monsieur Alassane Dramane Ouattara, les Ivoiriens aimeraient manger du bon chocolat ivoirien entièrement élaboré en Côte d'Ivoire, grâce au cacao ivoirien, pas de vociférer contre les Maliens.
Monsieur Nana Akufo Addo, au lieu de jouer au maître de cérémonie des basses œuvres contre le Mali, les Ghanéens préfèrent que vous contribuiez à la stabilisation du cour de l'or à la hausse.
Le vendredi 14 janvier 2022, des millions de Maliens vous ont montré, en manifestant dans différentes villes, leur soutien "aux enfants" de deux coup d'État.
Aux Maliens qui hurlement avec les loups, vos jérémiades contre votre pays sont ridicules et pathétiques en un moment si crucial pour l'avenir de la nation toute entière.
Ne contribuez pas à ce que l'histoire tronquée des Africains se perpétuent, cette histoire réductrice des Africains en ceux qui se trahissent continuellement et n' aspirent qu'à la soumission.
Ne donnons pas raison aux versions aménagées de l'histoire.
Yamadou Traoré
Analyste politique
 
                 
             
            