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Billet de blog 1 juin 2016

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La violence est dans la rue.

Peu importe de savoir qui a commencé. Peu importe de savoir qui est le plus violent. La violence est dans la rue. La violence est dans la rue parce que l’opposition est dans la rue. Et l’opposition est dans la rue parce qu’elle n’est plus au Parlement.

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Illustration 1

Il n’y a plus d’opposition au Parlement ; nos députés ont cessé de remplir leur rôle de représentant de la Nation et de contrôle de l'action du gouvernement.

Certes il y a une opposition de droite. Une opposition de droite dure face à un gouvernement de droite molle. 50 nuances de gris...

Mais surtout, il n'y a pas d'opposition de ceux qui sont les premiers concernés par la loi travail : Ni les 24 millions de salariés ni les 6 millions de ceux qui aspirent à l'être ne sont représentés au parlement.

Toute la violence s’explique par ce simple déni de démocratie.

Et ce déni de démocratie, on ne le doit pas au gouvernement.

  • Oui, Manuel Valls n’a pas de légitimité démocratique. Il n’est issu d’aucun courant majoritaire. Il ne représente rien, sinon lui-même.
  • Oui, Manuel Valls a été ministre de l’Intérieur. Et l’on ne devrait jamais nommer Premier Ministre un ancien ministre de l’intérieur.
  • Oui, Manuel Valls a utilisé l’infâme 49-3, le véto du roi en quelque sorte, un reliquat de l’Ancien Régime qui n’a aucune raison d’être aujourd’hui.

Cependant, il suffisait au parlement de lui refuser la confiance pour abolir cette ignominie. François Hollande aurait nommé un autre premier ministre et le pays retrouvé sa stabilité au moment où il en a le plus besoin.

Au lieu de cela, l’Assemblée s’est défilée. Elle ne représente plus désormais qu’elle-même. Les plus courageux de nos compatriotes ont décidé de se représenter eux-mêmes. Et la rue est devenue l'expression du débat, le seul lieu de la démocratie.

A l'assemblée, à 577, les risques de violence sont pratiquement inexistants. Dans la rue, lorsque des milliers voire des millions de français expriment leur mécontentement, les risques de débordements sont patents.

Tel un vulgaire Jules Moch, Cazeneuve a fait donner la troupe. Et l’on s’est tout d’un coup rappelé que ces mêmes députés avaient voté l’état d’urgence. Alors nos policiers ont les prérogatives des militaires… leur équipement aussi.

Grâce à Manuel Valls, 73% des français sont devenus « l’ennemi de l’intérieur ». Ils sont tous des terroristes. Et tant pis s’ils ne sont même pas musulmans. Le régime sera le même : Garde à vue, interdiction des droits civiques les plus élémentaires, violences policières.

A l’heure où chacun a décidé de défendre son camp, il ne faut pas se tromper d’ennemis.

Non, l’ennemi n’est pas celui qui manifeste pour défendre son pain. Français, républicain, tout ce que nous sommes aujourd’hui, nous le devons à des compatriotes courageux qui ont résisté aux forces de l’ordre.

Mais l’ennemi, ce ne sont pas non plus les forces de l’ordre. Comme leur nom l’indique, ils sont les forces de l’ordre, pas celles du peuple français. Leur rôle est et a toujours été de défendre le système. Si on les avait respectés, nous en serions encore à saluer Louis XXIV.

Aujourd’hui où l’on commémore la boucherie de Verdun, l’ennemi, est toujours le même. Ce sont ceux qui ont failli dans leur rôle de représentant du peuple.

Manuel Valls doit partir, c’est une évidence. Mais il le doit par un vote de l’assemblée nationale. Il est essentiel que celle-ci retrouve sa légitimité.

Il est temps de se rappeler que dans la Constitution, le 49-2 vient avant le 49-3. Et avec lui, le devoir de l'Assemblée de remettre en cause la responsabilité du gouvernement lorsque celui-ci a failli. 

« C'est notre honneur de parlementaire qui est en cause ... allez dire à l'Élysée que cette assemblée n'est pas assez dégénérée pour renier la République » Paul Reynaud lors de la seule motion de censure adoptée de la Vème république.

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