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L'ambition écologique du gouvernement
Le budget de la transition énergétique connaîtra en 2025 une coupe drastique, passant de 40 milliards d’euros en 2024 à seulement 14 milliards. Ce tournant budgétaire, justifié par la nécessité de maîtriser les finances publiques, risque d’affaiblir les efforts de décarbonation et d’exacerber les inégalités sociales.
Pourquoi un tel recul ?
En 2024, l’effort budgétaire exceptionnel était en grande partie lié aux subventions pour amortir la crise énergétique et limiter l’impact de la flambée des prix. La suppression progressive de ces dispositifs explique en partie la baisse du budget. Toutefois, au-delà de cet ajustement conjoncturel, le gouvernement semble faire un choix plus structurel : réduire le périmètre de l’intervention publique dans la transition énergétique.
Le gouvernement affiche une volonté de diversifier le mix énergétique avec 4,23 milliards d'euros pour l'électricité verte (éolien, solaire, bioénergies) et 1,18 milliard pour le biométhane. Cependant, ce budget reste largement insuffisant selon les ONG environnementales qui estiment qu'il faudrait 66 milliards d'euros par an pour une trajectoire compatible avec l'Accord de Paris.
L'ambition écologique du gouvernement se heurte à une dette publique élevée et une réticence à débloquer les fonds nécessaires. Les investissements dans des technologies émergentes, comme l'hydrogène vert, sont certes coûteux mais pourraient être mieux utilisés pour renforcer des énergies renouvelables plus matures.
Comparaison européenne peu flatteuse
En comparaison, l'Allemagne a investi plus de 30 milliards d'euros en 2023 pour les énergies renouvelables, tandis que l'Espagne a alloué 20 milliards sur trois ans grâce au plan européen Next Generation EU. La prudence budgétaire française pourrait affaiblir la compétitivité énergétique si les investissements massifs nécessaires ne sont pas réalisés.
La question de la justice sociale est cruciale, avec un chèque énergie de 900 millions d'euros pour aider les ménages modestes. Toutefois, ce montant semble insuffisant face aux inégalités sociales croissantes liées aux politiques énergétiques.

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Décarbonisation des transports
Le budget prévoit 970,5 millions d'euros pour l'électrification du parc automobile et la recherche sur les avions "zéro émissions". Cependant, ces initiatives sont insuffisantes et davantage de fonds devraient être alloués aux transports en commun et à l’intermodalité.
Nucléaire
Le budget consacre également 780 millions d'euros à la sûreté nucléaire et à la gestion des déchets, avec un engagement pour la relance de six nouveaux réacteurs EPR.
Les partisans y voient une énergie bas-carbone essentielle, mais les ONG y voient un frein au développement des énergies renouvelables.
Quel avenir pour la transition énergétique en France ?
Cette baisse de budget traduit une vision minimaliste de la transition écologique. Elle est le fruit d'ajustements progressifs qui empêchent un basculement rapide vers un nouveau modèle énergétique.
Le gouvernement privilégie une approche financièrement prudente, mais socialement et écologiquement risquée. Sans un engagement financier fort, la France pourrait voir s’éloigner ses objectifs de décarbonation et prendre du retard dans la révolution énergétique en cours.
Le choix budgétaire actuel n’est donc pas seulement une affaire de chiffres : il engage le pays sur une trajectoire qui déterminera son rôle dans la transition écologique mondiale.
Boîte Noire :
- Cet article est basé sur les chiffres donnés par le site du gouvernement budget.gouv.fr
- Le site de l'Assemblée Nationale donne un budget légèrement différent après le 49.3 de François Bayrou.
Les dépenses publiques autorisées pour le Ministère de la Transition Écologique sont réparties comme suit :

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