
«Tu donnes l’impression d’attendre, voire d’espérer la fin du Parti socialiste. [...] S’il s’agit pour toi de tirer la sonnette d’alarme par rapport à un parti auquel tu tiens, alors tu dois cesser ces propos publics, et apporter, en notre sein, tes idées et ton engagement. Mais si les propos que tu exprimes reflètent profondément ta pensée, alors tu dois en tirer pleinement les conséquences, et quitter le PS [...] On n’appartient pas à un parti pour s’en servir, mais pour le servir.»
C’était Martine Aubry en 2009. Première Secrétaire du Parti Socialiste, elle sommait Manuel Valls de tirer les conséquences de sa pensée politique... et de quitter le P.S.
En utilisant 6 fois le 49.3, Manuel Valls est devenu par définition un homme de droite… s’il ne l’était pas déjà. La droite est née du soutien du véto suspensif du roi sur les lois et les décrets. Les députés qui étaient pour ce véto s’assirent à droite, les autres à gauche. Le roi avait obtenu de la Constitution de 1791 le droit d’imposer ses vues sans passer par le débat parlementaire et démocratique.
Comment peut-il participer à une primaire socialiste ? Manuel Valls n’a pas voulu ni pu participer à la Primaire de la Droite et du Centre. Il a raté le coche. Peut-il être la mouche du coche du parti Socialiste ?
Homme d’une droite complexée, Manuel Valls en a pratiqué la politique sans jamais l’assumer. Mais qui peut-il encore tromper ?
Sa mise en scène grotesque lors de l’annonce de sa candidature, orchestrée pour faire oublier le triste épisode des Blancos, était effectivement à gerber.
Qui peut oublier sa vision des Roms qui, selon lui « auraient des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation » ? Pourtant celui dont il s’efforce d’être la pale caricature est le fils d’un Rom. On se souvient de Rudolf Sarközi, chef de la communauté Rom en Autriche, né dans un camp de concentration.
Caroline Haas a eu raison de rappeler les marqueurs qui différencient le Parti Socialiste des Républicains et notamment les chômeurs. Non pas le chômage mais les chômeurs. A droite, on pense que s’ils sont au chômage, c’est de leur faute. D’où la loi travail.
Et l’on pourrait continuer sur la déchéance de nationalité, l’islamophobie et le reste
Alors la question devient : Qui peut voter Manuel Valls ?
Quel est ce socialiste zombie qui voterait Valls ?
Ce serait d’abord quelqu’un de cynique : Peu importe les idées, l’essentiel est de gagner.
- Manuel Valls, premier ministre de François Hollande est le Némésis de François Fillon, premier ministre de Nicolas Sarkozy.
- Ce sera donc la bataille des sous-fifres.
- Et à ce jeu, si Fillon a été la potiche de Sarkozy, Valls a eu un rôle plus assumé dans la dépravation socialiste de Hollande.
- Il peut donc battre Fillon à son propre jeu.
Ce sera certainement la rhétorique de Cambadelis en interne.
Autre Socialiste zombie, l’élu socialiste qui ne regarde jamais plus loin que son investiture. Il a besoin de faire allégeance afin d'obtenir le fameux graal pour les législatives
Enfin, il reste la CFDT, ce mystère syndical. "Si l'esclavage était rétabli, la CFDT négocierait le prix des chaînes" s'autorise-t-on à penser dans les milieux syndicaux.
Au total, Manuel Valls peut-il espérer faire mieux que ses 5, 63% de 2011 ? Oui certainement.
Mais voter Valls c’est à coup sûr enterrer le Parti Socialiste et son histoire, qui est aussi celle du pays.
Et l’on sait depuis Tolbiac que l’histoire n’a jamais été le fort de Manuel Valls.