Qu’est-ce que la monarchie ?
Une propriété privée. Toute richesse appartient au roi. Il décide seul et selon son “bon plaisir” de sa répartition.
Qu’est-ce que la république ?
Un système de gouvernement où la richesse publique appartient à la nation souveraine.
Aujourd’hui comme hier, les mêmes questions appellent les mêmes réponses.
Aujourd’hui, comme hier, la réforme des pensions, par exemple, a été l’objet d’un âpre combat entre le peuple et ses gouvernants.
Qu’est-ce que la réforme des retraites ?
Un partage de la richesse publique.
La richesse publique est de deux ordres :
- Soit elle est le produit de l’impôt. Dans une république démocratique, sa répartition est discutée par les représentants de la nation assemblée puis approuvée par le gouvernement.
- Soit elle est le produit de cotisations sociales. Dans une république démocratique, sa répartition est discutée au sein d’organismes regroupant employeurs et employés.
En 2023, la richesse publique de la France s'établit ainsi :
- Recettes de l'état (État et ODAC) : 404,291 milliards d'euros
- Recettes des cotisations sociales (ASSO) : 612,464 milliards d'Euros
- Recettes des administrations locales (APUL) : 265,620 milliards d'Euros
- TOTAL = 1282,375 milliards d'Euros
En France, les retraites sont le produit de cotisations sociales. Leur répartition devrait donc être exclusivement négociée par les employeurs et les employés.
En décidant seul de leur répartition, le gouvernent a créé une crise démocratique.
Alors le peuple est dans la rue. Alors la violence est dans la rue.
À ce titre, l’histoire de France est un éternel bégaiement.
En février 1781 déjà, une réforme des pensions allait avoir des conséquences sur la nature même du régime. À l'époque, toutes les pensions n'étaient pas des pensions de retraite. Mais la révélation de leur montant entraînera la démission du ministre des finances.
Tout commence lorsque Jacques Necker, le ministre des finances de Louis XVI, rend public le budget de l’état jusque-là tenu secret par les conseillers du monarque. Il révèle au peuple français le montant des pensions accordés par le roi à ses obligés : 28 millions pour les seules pensions soit plus de 11% de toutes les dépenses publiques. Pourtant le budget de l'état est en déficit.
Dans son Compte rendu au roi, Jacques Necker s’étonne de l’étendue de ces cadeaux aux plus riches : “Votre Majesté elle-même a été surprise d'apprendre, que ces différentes grâces formaient actuellement une charge annuelle pour les Finances , d'environ vingt-huit millions. Je doute si tous les Souverains d’Europe ensemble, payent en Pensions plus de la moitié d'une pareille somme. C'est même un genre de dépense presqu’inconnu dans plusieurs Etats. Aussi cet objet , qui s’est accru d'une manière excessive, est-il digne de la plus sérieuse attention; Si dès que le travail nécessaire pour constater exactement toutes ces Pensions sera fini , et qu'on les aura divisées en différentes classes , je proposerai à Votre Majesté une Loi et des règles, qui puissent opérer une diminution successive dans cette charge vraiment inouïe pour l'État”
En réduisant de manière drastique ces cadeaux fiscaux, Necker déclarait la guerre à la haute administration qui ne lui pardonnera pas. La suite, on la connaît, ce sera la révolution française de 1789.
Aujourd’hui, et depuis 2017, 500 milliards de cadeaux fiscaux ont été accordés… soit 50% du déficit du budget de l'état.
Depuis 2017, le cumul des déficits annuels s’élève en effet à près de 1000 milliards d’euros.
Alors sommes-nous à l'aube d'une nouvelle révolution et de son lot de violences ?
L'histoire de nos républiques semble abonder en ce sens.
En 1830, Charles X décide de gouverner par ordonnances et de dissoudre l'assemblée. Averti que les parisiens allaient venir le chercher dans sa résidence de Saint Cloud, le roi s'enfuit d'abord à Versailles avant d'abdiquer... et de s'enfuir en Angleterre.
En 1835, le député Audry de Puyraveau, futur défenseur des Canuts de Lyon, "s'attachait à démontrer que la moitié du budget était dépensée en prodigalités" (Robert Schnerb, Les hommes de 1848 et l'impôt).
Les mêmes causes produisent les mêmes effets... ou pas
La première révolte des Canuts, les travailleurs de la soie à Lyon, eut lieu en 1831. Elle eût pour conséquence la prise de la ville par les grévistes. Le roi Louis-Philippe décide d'envoyer l'armée contre son peuple en la personne de son ministre de la guerre. À la tête d'une armée de 20 000 hommes, le maréchal Jean-de-Dieu-Soult, vétéran des guerres napoléoniennes, reprendra la ville sans verser une goutte de sang. Mieux, toutes les personnes arrêtées seront acquittées.
Il semble que la doctrine de maintien de l'ordre ait beaucoup évolué depuis.
Après la révolution de 1848, le gouvernement crée un impôt provisoire, dit "impôt des 45 centimes" pour faire face à ses difficultés de trésorerie. Fortement impopulaire, cet impôt détache une bonne partie des paysans de la république naissante au moment des élections à l'Assemblée Nationale. Le gouvernement se garde d'en exiger la perception avant les élections. Ce n'est donc qu'après les élections que la résistance s'amplifie.
La résistance au 45 centimes durant la mi-juillet 1848 ne sera pas sans incidents... et surtout sans conséquences. L'échec du général Cavaignac à l'élection présidentielle de 1848 est en partie dû au maintien de cet impôt. Le gouvernement qu'il présidait de juin à décembre ira même jusqu'à envoyer des militaires, les fameux "garnissaires", pour percevoir l'impôt. Ceux-ci s'installaient chez le contribuable récalcitrant, et à ses frais, jusqu'au paiement de l'impôt dû.
En 1849, la question de la répartition de la richesse publique se pose encore. Le député Mathieu de la Drome s'écrit "Dans notre système actuel, qui paye les impôts ? Qui ? D'abord le cultivateur, l'homme des champs, celui qui nous nourrit tous, qui nous donne du pain blanc, et qui se contente pour lui d'un pain noir dont ne voudrait pas le chien du riche. Qui encore paye les impôts ? Qui ? Le marchand, l'ouvrier, celui qui construit nos maisons, qui confectionne nos vêtements, et qui, lui, se passe souvent de logement et d'habitation. Mais le capitaliste, mais le prêteur d'argent, mais le banquier, l'usurier, que payent-ils ? Rien."
La suite, on la connaît. Bonaparte sera élu président, le premier élu au suffrage universel... masculin.
Ensuite, c'est Émile de Giradin qui résume le mieux la nouvelle donne :
"Il faut que la France choisisse entre une révolution fiscale et une révolution sociale"
Emile De Girardin, L'Impôt, 1852
La France ne choisira pas. Elle subira : D'abord un coup d'état, puis l'empire et la guerre et ses 139 000 morts.
Mais c'en sera fini de la monarchie. Définitivement ? Au moins jusqu'à l'avènement de la Vème république. La Révolution française aura duré 81 ans, de 1789 à 1870.
Et il faudra deux guerres mondiales pour venir à bout de la troisième république; celle qui reste la plus longue de notre histoire, 70 ans.
La dictature raciste de Vichy tentera d'établir un nouveau système de gouvernement : l'ETAT français.
Puis, en 1946, un parti communiste à 28,26%, des ouvriers armés, connaissant le maniement des armes, et un patronat adoptant un profil bas pour cause de collaboration avec le régime nazi nous donnera la IVème république. Celle qui a rendu les français heureux, les a enrichis, leur a appris à lire, à écrire, à compter, celle qui a amélioré leur condition de vie grâce aux progrès du logement et de l'électro-ménager.... Bref , en un mot, celle que les politiciens détestent.
En effet, sous la IVème république, le gouvernement ne peut en imposer au Parlement, expression de la volonté de la nation souveraine.
Alors les mêmes causes produisant les mêmes effets, le gouvernement imposera aux français une guerre coloniale puis un coup d'état pour re-former l'empire la Vème république : Un système de gouvernement où le partage de la richesse publique se fait par le seul fait du prince président. En dehors de toute légalité. Dans un système où le parlement est devenu une chambre d'enregistrement des désirs du maître.
Heureusement, la novlangue a redéfini le terme de légalité. Car un président ne peut être illégal... même si la Constitution de la Vème république l'a situé au-delà de la loi.
Pour comprendre ce qu'est devenue la notion de légalité en France, il suffit d'imaginer le président de la république accorder un interview au journal de 13 heures :
Après un discours liminaire où il rappelle que toute légitimité vient de lui, y compris la violence, le président retire sa montre, se lève et s'en va violer en direct devant la caméra la pauvre journaliste venue l'interviewer dans son bureau de l'Élysée.
Puis s'apercevant qu'un second journaliste, mâle celui-là, était présent à l'interview, le président sort un SIG-SAUER SP 2022 de sa poche revolver et assassine en direct, devant les caméras, le pauvre journaliste, pourtant venu lui servir la soupe.
Alors, dans sa grande sagesse, le Conseil Constitutionnel décrètera qu'en vertu de la Constitution, aucune action juridique ne peut être intenté contre le président de la Vème république.
Et toute manifestation de citoyens contre cette décision ne saurait être tolérée... sous peine de se voir admonestés par les tenants de la violence légitime : les BRAV-M