
Il n’est pas question ici de débattre du bienfondé de la loi El Khomri. Il est question ici du pacte républicain et de notre démocratie. Le pacte républicain suppose l’égalité en droit de chacun. Notre démocratie est parlementaire ; la vertu de cette démocratie repose sur le fait que chaque citoyen français soit représenté.
L’Assemblée Nationale est le lieu du débat, cœur de cette démocratie. Pour que le débat ait lieu, pour que la démocratie soit réelle, il faut que les avis des uns et des autres puissent être exprimés. Ensuite la loi de la majorité s’impose, en essayant de ne pas trop discriminer la minorité.
En France, la population active est de 28 640 000. Et il y a 3,14 millions employeurs. Si l’on retire les 3 millions de microentreprises, il reste 140 000 employeurs. D’un côté donc 140 000 employeurs, et de l’autre plus de 23 millions d’employés et ouvriers.
On l’a vu.
Ces 140 000 employeurs sont largement représentés à l’Assemblée nationale. Mais qui représente les 23 millions d’employés ?
Le vote de la motion de censure est assez clair à ce sujet. 8 députés se sont joints aux 15 « frondeurs ». Au total donc, 23 députés progressistes représentent 23 millions d’employés et 565 députés représentent les 140 000 employeurs.
C’est ce déséquilibre qui rend indécent le vote de l’Assemblée Nationale. Pas un seul député socialiste n’a voté le renversement du gouvernement Valls. Pas un seul député socialiste ne s’est senti le représentant de la classe ouvrière. Pas un seul.
Alors aujourd’hui, la démocratie devient directe. Elle se fait dans la rue. Et d’autres employés, ceux de la compagnie de sécurité dite républicaine, ont reçu l’ordre de la contraindre et de l’empêcher de s’exprimer, à coup de gaz lacrymogène, entre autres.
....Pendant ce temps, Manuel Valls, qui ne représente que lui et les 288 députés socialistes, est toujours premier ministre.