Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
En France, il existe une ressource nationale rare et précieuse, un bien commun qui appartient à toutes et à tous : les fréquences hertziennes. Bien plus qu’un outil technologique, ces fréquences incarnent la voix et l’image de la France et des français.e.s. Pourtant, elles sont offertes gratuitement à quelques milliardaires, au mépris de l’intérêt général. Une injustice insupportable.
Ces fréquences constituent la colonne vertébrale du paysage audiovisuel national, le canal par lequel les images, les idées mais aussi les peurs arrivent jusqu’à nous.
Mais que fait-on de ce bien commun ?
Nous le confions, sans contrepartie réelle, à des chaînes dont le modèle repose sur la captation de notre attention à tout prix.
Leur contenu ?
Un flux incessant de « breaking news », des analyses superficielles et un climat anxiogène, le tout enveloppé d’une mise en scène dramatique.
Leur objectif ?
Nous garder accrochés, non pas pour nous informer, mais pour générer du "temps de cerveau disponible" pour leurs annonceurs.
Le résultat est édifiant : Une population constamment exposée à des contenus stressants, qui nourrissent une spirale de pessimisme et de défiance. Certes, l’information continue promet l’immédiateté.
Mais à quel prix ?
Une course à la rapidité qui sacrifie l’exactitude, des émissions transformées en produits de divertissement, et une surenchère de débats polarisés.
Ce n’est pas un hasard non plus si la France est l’un des plus grands consommateurs d’antidépresseurs en Europe.
L’information continue n’est pas de l’information
Les chaînes d’information en continu n'offrent pas de l’information; elles offrent un spectacle anxiogène déguisé en actualité.
Leur mise en scène emprunte aux codes du divertissement : Musiques d’alerte, bandeaux rouges, experts omniprésents. Ces « experts » auto-proclamés, souvent peu diversifiés, alimentent des échanges biaisés et des querelles stériles.
En un mot, l’information continue est un... divertissement.
Les thèmes abordés reflètent une vision biaisée de notre société. Immigration, insécurité, « décadence » des valeurs : Ces sujets, toujours présentés sous un angle alarmiste, amplifient les peurs collectives.
Résultat : Une image d’une France figée dans ses frustrations, obsédée par un passé idéalisé.
Pourtant, la réalité est bien plus nuancée; notre pays est riche de sa diversité et de ses initiatives positives, mais ces voix sont trop souvent éclipsées.
L'exemple équatorien
Et si l’on regardait ailleurs, juste un instant, pour voir comment d’autres pays ont su gérer leurs fréquences audiovisuelles ?
Prenons l’exemple de l’Équateur.
En 2013, ce petit pays d’Amérique latine a pris une décision audacieuse.
Redistribuer ses fréquences audiovisuelles en trois tiers :
Un tiers pour les médias publics
un tiers pour les médias privés
un tiers pour les médias communautaires : des radios et télévisions indépendantes, gérées par des associations, des collectifs.
Pourquoi ?
Parce que les Équatoriens ont compris que les fréquences appartiennent à tout le monde, non pas seulement à ceux qui en tirent profit.
Ce modèle garantit une diversité de voix, de points de vue, et surtout, il reconnecte les médias avec leurs audiences. Surtout ce système fonctionne. Il est possible d’utiliser les fréquences comme un outil au service de tous.
Un privilège sans contrepartie
Revenons en France.
Ce qui choque encore davantage, c’est que nos chaînes privées bénéficient de fréquences hertziennes gratuitement. Oui, gratuitement.
Pendant ce temps, leurs actionnaires engrangent des profits confortables.
Pourquoi l’État continue-t-il à offrir ce privilège, sans contrepartie significative ?
Repenser l’attribution des fréquences : Un impératif citoyen
Il est temps de repenser ce système. Les fréquences hertziennes ne sont pas une marchandise comme une autre. Elles appartiennent à la collectivité, et leur utilisation doit servir l’intérêt général.
Dans les années 1990, lors de l’attribution gratuite des fréquences hertziennes à Bouygues, un certain député avait critiqué le fait qu’une ressource publique aussi précieuse soit offerte sans contrepartie suffisante à des entreprises privées, qui en tiraient d’importants profits. Il était bien seul.
Il s’appelait François Bayrou
Devenu premier ministre, l'histoire offre à François Bayrou une opportunité unique : Réformer ce système et redonner aux fréquences leur vocation première.
Certes ses jours de premier ministre sont comptés. Mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des journées.
Et puis quelle panache !
S’il veut, comme Henri IV, apaiser le climat social, une mesure simple s’offre à lui : Réformer ce système et redonner aux fréquences leur vocation première.
Le Conseil Économique Social et Environnemental pourrait alors proposer à l'ARCOM une juste répartition du tiers des fréquences hertziennes aux associations qu'il représente.
Il en va évidemment de la démocratie française. Mais c'est aussi une mesure de santé publique.
Une bombe sanitaire et économique
L’information continue n’est pas seulement un problème d’information : c’est une question de santé publique.
L’exposition constante à des contenus anxiogènes alimente le stress, l’insomnie et les troubles dépressifs. Ces pathologies pèsent lourdement sur la Sécurité sociale et le monde du travail.
Selon l’enquête People At Work 2024, 61 % des actifs français se sentent stressés au moins une fois par semaine. Ce stress, amplifié par l’environnement médiatique, fragilise le lien social et coûte des milliards d’euros.
En adoptant des médias plus responsables, nous pourrions réduire les dépenses publiques tout en améliorant la santé mentale collective.
Reprendre le contrôle
Les fréquences hertziennes sont un bien commun, pas une marchandise. En les offrant gratuitement aux grandes chaînes privées, nous cautionnons un modèle médiatique nuisible à notre démocratie et à notre santé. Le moment est venu de revendiquer un système plus équilibré, qui valorise l’information fiable et la diversité.
François Bayrou a une chance unique de marquer l’histoire. Reste à savoir s’il saura s’en emparer avec panache. Et pourquoi pas, réussir là où tant d’autres ont échoué.
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