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Billet de blog 19 avril 2016

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La faute à Hollande

Les sondages sont unanimes. François Hollande ne sera pas sélectionné pour représenter la France à l’Euro. Là non plus, le communiqué ne précise pas le motif réel ni sérieux de cette déchéance de sélection. Alors chacun d’imaginer ses propres raisons, en fonction de sa haine du président. Evidemment, l’extrême-droite se défoule : Si la France va mal, c’est la faute à Hollande et à lui seul.

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Illustration 1

« C’est la faute à Hollande » ; « la Gauche m’a tuer » ; « Hollande dégage ». A l’heure de la curée, on reconnaît bien l’évolution de la prose de l’innommable de Neuilly… l’absence de réflexion aussi.

Pourtant, depuis peu, des militants dits « de gauche » s’efforcent de l’imiter. Pire, certains élus imaginent déjà des primaires. Mais pour élire qui ?

Quel candidat socialiste s’est déclaré contre François Hollande durant son quinquennat ?

Quel candidat socialiste s’est fait entendre de manière constante et argumentée contre les décisions du président ?

Quel candidat socialiste a préparé sa candidature en sillonnant la France et en préparant ses propositions ?

Toutes choses qu’avait réalisées François Hollande alors même qu’il n’était pas le champion du P.S. ni même le favori des médias. A l’époque, le parti socialiste faisait les yeux doux à Dominique Strauss-Kahn mais François Hollande les a ignorés. Et l’histoire lui donnera raison.

Où est ce candidat aujourd’hui ?

Evidemment, des opportunistes en quête de maroquin prétendront se présenter, un peu comme Nadine Morano à droite. Après tout, Nadine a raison, ce fut la méthode de Manuel Valls et elle lui a plutôt bien réussi… jusque-là.

Ces candidats à la candidature ne s’adressent pas aux français. Ils ne s’adressent même pas à leurs propres militants. Ils se parlent entre eux, entre élus, bien installés dans l’entre soi confortable de la rue de Solférino.

On nous avait pourtant promis du changement. Et on nous l’avait promis maintenant. Est-ce naïf de l’espérer encore ? Au moins dans la méthode.

Dans l’esprit de la Vème république, devenu régime présidentiel depuis le quinquennat, un président sortant se doit de se représenter. Il se doit d’affronter les français, non plus au travers de ridicules sondages traficotés par des instituts au service de leurs clients. Président de chaque français, il se doit d’affronter ses électeurs au suffrage universel et de leur poser cette question simple :

« Ne suis-je pas votre président ? ».

  • Si la réponse est positive, il lui est permis de continuer une dernière fois et pour cinq ans sa mission et son programme.
  • Si la réponse est négative, et s’il a un minimum de décence, il se doit de disparaitre de la vie politique à jamais, en renonçant même à une retraite et à des positions qu’il ne mérite plus… Ce message s’adresse à tous les Sarkozy, tous les Jospin.

Et il ne faut pas croire qu’un homme politique, même sur le tard, ne peut pas avoir de décence. Alain Devaquet en son temps et Pierre Joxe aujourd’hui en sont de parfaits exemples.

Faut-il pour autant oublier les primaires socialistes ?

Evidemment non. Les Primaires sont un brillant outil de communication. Pendant une primaire, les médias ne parlent que de vous. Ce serait stupide de ne pas en profiter.

Mais alors des primaires pourquoi faire ?

Pour trois raisons :

  • réhabiliter le militant socialiste

Le militant socialiste est celui qui paie sa cotisation, celui qui participe à la vie du parti, celui qui colle les affiches, celui qui est présent à toutes les manifestations du parti, celui qui participe aux débats et aux votes internes du parti. Il est celui sans qui le parti n’existerait pas.

Ce n’est pas un vague sympathisant qui soudain se découvre la veille du vote « dans les valeurs de la Gauche et de la République, dans le projet d’une société de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité, de justice et de progrès solidaire ».

Le militant socialiste est l’âme du parti. Le sympathisant de gauche est celui qui fait croire qu’un Manuel Valls représente 5,63% des militants socialistes.

La primaire socialiste ne devrait être ouverte qu’aux seuls militants socialistes, à jour de cotisation.

  • réhabiliter le député socialiste

          Soyons honnêtes un instant. Si le changement promis n’est pas arrivé, la faute n’en revient pas à François Hollande mais à la lâcheté des élus socialistes.

          Le rôle d’un député est le contrôle de l’action du gouvernement. Il est toujours bon de rappeler qu’un député est  l’élu de la nation, et non le lobbyiste de ses propres électeurs ou pire de ses soutiens financiers.

          Or, quelles voix se sont élevées contre l’erreur de casting Jean-Marc Ayrault ?

          Quelles voix se sont élevées contre la nomination de Valls au poste de ministre de l’intérieur ?

              La majorité des électeurs avait voté Hollande uniquement pour ne plus entendre Sarkozy. Et la première mesure de François Hollande est de nommer une caricature de Sarkozy ministre de l’intérieur !

          Et surtout, comment ont-ils pu accorder leur confiance à un gouvernement dirigé par Valls ?

              On l’oublie parfois mais le premier ministre est responsable devant le parlement. Les députés socialistes ont largement le pouvoir d’imposer un premier ministre au président, d’autant plus quand celui-ci est issu du même parti.

          Les députés socialistes devraient remercier François Hollande de prendre sur lui une vindicte populaire qui leur est adressée.

  • réhabiliter le parti socialiste

           Car, enfin, c’est de cela dont il s’agit : Redonner une structure à l’organisation politique de notre pays.

           Notre pays s’est caractérisé par une bipolarisation de l’échiquier politique, entre des progressistes et des conservateurs ; et pour chacun d’eux, un plus petit parti aux revendications un peu plus extrêmes.

           L’apparition d’une extrême-droite, victime de son incapacité à exprimer une pensée structurée, a permis une confusion des genres, porte ouverte à tous les opportunismes. Du « bruit et de l’odeur » de Chirac à « la misère du monde » de Rocard, il revenait aux députés de recadrer leurs dirigeants. Ils ne l’ont pas fait et la surenchère a accouché des caricatures sarkozy et valls. Là encore, les députés de chacune des majorités présidentielles n’ont pas refusé d’accorder leur confiance à celui qui leur faisait porter le fardeau de la honte.

           Cohn-Bendit a raison de réclamer la proportionnelle comme seul moyen d’ouvrir la vie politique à la société civile. Mais cette proportionnelle n’a de sens que lorsqu’elle exprime des convictions.

           Et le suivisme du parti socialiste d’Harlem Désir et de Jean-Christophe Cambadélis ont fini de l’achever.

           Alors les primaires restent la dernière occasion pour le parti socialiste de se racheter.

          Soutenir le président sortant est une évidence puisqu’il n’y a pas d’autre candidat crédible pour le parti socialiste. Mais l’urgence est de lui imposer une ligne et un chef de gouvernement issu de cette primaire et représentant le courant MAJORITAIRE au sein du parti.

         Et si le changement c’est maintenant, alors ce prochain chef de gouvernement sera une femme, voire une jeune femme : Une nomination inimaginable à droite.

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