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Billet de blog 19 octobre 2023

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Les dirigeants politiques français sont-ils français ?

Rien n’est plus éloigné de l’idée française de nation que l’idée israélienne de nation. Pourquoi les dirigeants politiques français veulent nous convaincre d'un modèle qu'ils ne voudraient pas en France ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Appliquer à la France le modèle israélien donnerait à peu près ceci :

Ne serait français que les personnes de confession catholique.

Tout catholique dans le monde serait automatiquement citoyen français.

Tout français sans confession ou d'une autre confession seraient déplacés vers la Provence et l'Alsace. 

Expulsé de sa maison, son droit au retour lui serait retiré.

L'eau, l'électricité, le carburant seraient distribués en Provence et en Alsace sous l'autorité et selon le bon plaisir de la France Catholique.


Appliquer à Israël le modèle français donnerait à peu près ceci :

Israel est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale.

Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion.

Nul n'aurait l'idée de se poser la question de la religion ou de l'absence de religion de son ou sa représentant.e élu.e

Tout citoyen serait totalement libre de circuler sur les voies publiques de la république.

Le droit de propriété serait respecté quelque soit la religion du propriétaire en question.


Rien n’est plus éloigné de l’idée française de nation que l’idée israélienne de nation.

Mieux, la conception française de la nation est la seule solution viable en Palestine occupée, pour assurer une paix durable.

Pourtant la plupart des dirigeants politiques français s’évertuent en vain à convaincre les français de la pertinence du modèle israélien.

Ils seraient bien inspirés d’user de la même énergie pour convaincre les dirigeants politiques israéliens de l’absolue évidence du modèle français.

Qu’est-ce qu’un homme politique français ?

C’est un homme qui avant tout a à coeur de défendre les droits et intérêts de chacun des citoyens français. En France comme à l’étranger. Cela va de soi. Cela va sans dire. Mais, de toute évidence, cela va beaucoup mieux en le disant.

Comment doit se comporter un dirigeant politique français confronté à la guerre en Palestine ?

Comme le stipule le projet de loi de finance de l’action extérieure de l’état, la premier objectif de la politique étrangère de la France est d’agir en faveur de la paix et de la stabilité.

Et le plus sûr moyen d’y arriver est stipulé dans son troisième objectif : défendre la démocratie, les droits de l’Homme et l’État de droit.

Donc lorsqu’un dirigeant politique français est interrogé pour qualifier d’"agresseur" une des parties au conflit, la seule réponse relève de l’intérêt de la France, et non pas de l’intérêt du dirigeant politique en question.

Alors d’abord, que ne faut-il jamais répondre ?


“Telle partie au conflit est l’agresseur”


Pourquoi ?

Parce qu’en droit français comme en droit international, on énonce un jugement uniquement après

  • avoir permis à chacune des parties d’exprimer son avis,
  • Avoir permis à chacune des parties de connaître l’avis de l’autre partie selon le principe du contradictoire

Ensuite, et seulement ensuite, on peut prononcer une condamnation après un procès public, équitable et dans un délai raisonnable.

Et même dans ce cas, ce n’est pas le rôle de la France de condamner mais le rôle d’une cour de justice internationale dont l’autorité a été reconnue par toutes les parties au conflit.

Nous rappelons à toutes fins utiles que le financement de l’action extérieure de la France est mis au service de cet objectif ultime de la France  : défendre les droits de l’Homme et l’État de droit.


"La France se tient au côté de telle partie au conflit”


Pourquoi ?

Parce qu’au départ la France n’est pas une des parties de ce conflit. Et en prononçant cette phrase, elle le devient.

Cette simple phrase pourrait mettre en danger un ressortissant français présent sur la zone de conflit.

De plus, on l’a vu, le financement de l’action extérieure de la France est mis au service de cet objectif ultime de la France : Agir en faveur de la paix et de la stabilité.

Il est entendu que dans un état démocratique, ce financement est débattu à l’Assemblée Nationale lors d’un débat où peuvent s’exprimer chacune des composantes politiques élues à cet effet par une majorité de citoyens.

Un dirigeant politique qui entend donner son avis en matière de politique étrangère aspire à endosser la stature d’homme d’état.

En France, dans ce domaine, le modèle absolu de la Vème république, reste le général de Gaulle.

Que répondait-il en 1967 lorsqu’on lui demandait si Israël était l’agresseur dans la guerre qu’il menait en Égypte et en Palestine ?

Puisse cette réponse servir de modèle à tout homme et toute femme politique qui entend engager la parole de la France !

À visionner à partir de la 26ème minute

1967 : Conférence de presse de Charles de Gaulle "Israël Agresseur ?" | Archive INA © INA Politique

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