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Billet de blog 21 avril 2016

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Trash Investigation

Elise Lucet a lancé une pétition contre une directive européenne. Le Parlement européen aurait voté une directive qui interdit à un journaliste de divulguer des informations sur des entreprises. Il s’agirait donc bien de l’assassinat en direct de Bruxelles du journalisme d’investigation économique. Pourtant seule, une journaliste se révolte. Pourquoi Elise Lucet est-elle la seule à se révolter ?

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Illustration 1

Journaliste est un métier. Et comme dans tout métier, des considérations bassement matérielles viennent tempérer les libertés individuelles. Que celui qui n’a jamais détesté son patron, tout en continuant d’exercer son métier, jette la première pierre.

Mais en lisant plus attentivement la directive européenne, on s’étonne de l’action de la journaliste. Ne serait-ce en définitive qu’une opération de communication censée illustrer ses nouvelles fonctions ?

En effet, dans son article premier, la directive est très claire. Aucune action ne peut être intentée à un journaliste dans l'exercice de son métier.

« La présente directive ne porte pas atteinte à l'exercice du droit à la liberté d'expression et d'information établi dans la Charte, y compris le respect de la liberté et du pluralisme des médias ». Article 1 alinéa 2

"

Les États membres veillent à ce qu'une demande ayant pour objet l'application des mesures, procédures et 

réparations

 prévues par la présente directive 

soit rejetée

 lorsque l'obtention, l'utilisation ou la divulgation alléguée du secret d'affaires a eu lieu dans l'une ou l’autre des circonstances suivantes:

a)  pour 

exercer

 le droit à la liberté d'expression et d'information 

établi dans la Charte, y compris le respect de la liberté et du pluralisme des médias" 

Article 5

L'objet premier de la directive est la protection de la propriété industrielle. Elle définit le secret des affaires. Puis elle sanctionne sa divulgation mal intentionnée. Elle émet toutefois des dérogations. La divulgation d'un secret d'affaires par un journaliste dans l'exercice de ses fonctions en est une.

Dès lors, on se demande pour qui roule Elise Lucet puisqu’il s’agit bien ici de protéger les entreprises européennes contre la concurrence déloyale de sociétés non européennes, y compris les multinationales américaines.

Enfin, on s’étonne qu’un journaliste d’investigation n’ait pas pris le temps de lire cette directive avant de la dénoncer.

A moins qu’il ne s’agisse que du principe de la future émission censé remplacer « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » : Trash Investigation ?

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