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Billet de blog 21 juillet 2025

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Lever les contraintes à l’exercice de la fonction de député

L'humour révèle mieux que les discours les plus savants nos incohérences démocratiques. Cette proposition de loi, volontairement provocatrice, invite à réfléchir : Si lever les contraintes agricoles est si bénéfique, pourquoi ne pas lever celles pour les députés ?

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Lever les contraintes à l'exercice de la fonction de député © Yamine Boudemagh

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs les parlementaires, chers concitoyens,

Nous nous retrouvons aujourd'hui, non pas pour débattre de futilités, mais pour réparer une injustice criante, un calvaire silencieux qui ronge l'âme même de notre République :

Les contraintes insupportables qui pèsent sur nos députés.

Il est temps de lever le voile sur ces souffrances inouïes, ces entraves au quotidien de nos représentants, qui sacrifient leur vie personnelle, leur équilibre mental et parfois même leur dignité pour le bien de la Nation.

1. Le fardeau familial

Qui, parmi nous, n'a jamais rêvé de partager ses journées avec ses proches, de les voir s'épanouir à ses côtés ?

Nos députés, eux, en sont cruellement privés.

Imaginez l'angoisse de devoir refuser à son conjoint, même occasionnel, à son divin enfant, pire à son beau-frère, une place au cœur de l'action parlementaire. C’est un déchirement, une violence psychologique intenable.

Nous proposons de faire de la famille non plus un soupçon, mais le socle indéfectible de l'efficacité parlementaire.

2. Les dépenses

Nos députés sont des êtres humains, avec des besoins fondamentaux.

Comment peut-on exiger d'un esprit aussi sollicité de se soumette à

la tyrannie mesquine du ticket de caisse ?

Chaque repas "sur le pouce" qui se transforme en enquête fiscale, chaque collection d'art acquise pour "inspirer" le travail législatif qui se voit contestée, chaque séminaire de "cohésion d'équipe" à l'autre bout du monde scruté à la loupe…

C'est une humiliation

La parole et la seule attestation devraient suffire à témoigner de la justesse de ses choix.

Nous mettons fin à cette dictature de la paperasse qui transforme nos élus en comptables frustrés, plutôt qu'en visionnaires.

3. Les appels d'offres

Le processus démocratique doit-il être entravé par la rigidité des appels d'offres ?

Absolument pas

Lorsque nos députés, forts de leur intuition et de leur connaissance intime du terrain, identifient la "bonne personne" ou la "bonne entreprise" pour un projet, pourquoi devraient-ils être freinés par des "procédures" ?

Cette contrainte bureaucratique ralentit l'action publique et frustre les talents locaux, souvent issus de l'entourage du député, preuve s'il en est de leur dévouement à leur terroir.

4. Le lexique judiciaire

Il est temps de purifier notre vocabulaire : "détournement de fonds”, "trafic d'influence", "prise illégale d'intérêts", autant de termes injustes pour décrire ce qui n'est souvent que le zèle d'un élu dévoué.

Ces termes sont des vestiges d'un passé où l'on ne comprenait pas la complexité du métier de député.

Les fonds publics sont, par essence, au service de la Nation et donc, implicitement, du confort personnel de son représentant.

Comment pourrait-il y avoir "trafic" là où il n'y a que de la "facilitation de contacts” ?

Comment une "prise d'intérêt" pourrait-elle être "illégale" quand elle est le signe d'une implication totale et viscérale dans le tissu économique et social local ?

En adoptant cette loi, Mesdames, Messieurs, les député.e.s, nous ne faisons pas que lever des contraintes, nous rendons justice à ces héros du quotidien.

Pour que nos députés puissent enfin se consacrer pleinement à ce qui compte :  Castigat ridendo mores1

Proposition de loi visant à lever les contraintes à l’exercice de la fonction de député

Article 1er

Facilitation de l'emploi familial au sein des circonscriptions

1.1. L'emploi par un député de membres de sa famille est considéré comme mesure d'optimisation des ressources humaines. Les compétences sont présumées acquises par capillarité génétique.

1.2. La simple déclaration sur l'honneur suffit à justifier toute embauche. La présence physique n'est plus requise.

Article 2

Flexibilisation de l'utilisation des frais de mandat

2.1. Toute dépense est considérée comme essentielle à l'épanouissement personnel du député, donc à la nation assemblée.

2.2. Une photo souriante ou la mention manuscrite "pour la Nation" suffisent comme justificatifs.

Article 3

Rationalisation de l'attribution de marchés et subventions

3.1. La "confiance électorale" est un critère supérieur à toute règle de mise en concurrence.

3.2. La déclaration d'intérêts devient facultative et non opposable.

Article 4

Modernisation du droit pénal de la probité

4.1. "Détournement de fonds publics" devient "Redistribution créative de l'argent public”.

4.2. "Trafic d'influence" devient "Partage d'expertise interpersonnelle”.

4.3. "Prise illégale d'intérêts" devient "Contribution active au développement local".

Article 5

Instauration du "Pardon Politique Automatique

5.1. Toute condamnation est effacée par la réélection. Le suffrage universel prime sur la justice.

5.2. Les frais de défense des députés sont intégralement pris en charge par l'Assemblée nationale.

Article 6

Instauration du nouvelle devise "Castigat ridendo mores"1

6.1 La devise "Castigat ridendo mores"1 sera affichée au fronton de l’Assemblée Nationale en remplacement de “Liberté, Égalité, Fraternité

Boîte Noire :

1. "Castigat ridendo mores" :  Il corrige les mœurs en riant.

Cette devise de Jean de Santeul, reprise par Molière, gravée au fronton de son théâtre, capture l'essence même du rôle de l'artiste  : Transformer nos défauts en spectacle pour mieux nous en guérir. Depuis le XVIIe siècle, cette sagesse nous rappelle qu'une comédie bien sentie vaut parfois tous les sermons. Le rire désarme, révèle et réforme là où la critique frontale échoue.

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