Le rôle d’un député est clair : Il doit contrôler l’action du gouvernement. Or l’état d’urgence, c’est justement l’absence de contrôle. Et c’est cette absence de contrôle que viennent de voter nos députés. Lâchement, ils ont abandonné leurs pouvoirs et laisser l’administration gérer seule la situation d’urgence.
Dans l’optique des élections régionales du mois prochain, nos députés ont tous voté, le 18 novembre dernier, la prolongation de l’état d’urgence.
Tous ? Non, une poignée d’irréductibles ont voté contre. 6 exactement : Barbara Romagnan, Isabelle Attard, Pouria Amirshahi, Sergio Coronado, Noël Mamère et Gérard Sébaoun.
6 députés, mais 6 députés seulement, n’ont pas perdu leur sang-froid ; ils ont assumé leur rôle de député dans ces circonstances difficiles. Ils ont fait preuve de courage et de lucidité. Ils ont fait preuve des qualités d’homme d’Etat.
Et ils sont les seuls que l’histoire retiendra. Ils ont rejoint les Vincent Auriol, Léon Blum, Max Dormoy, Georges Mandel, Paul Ramadier et autres justes (80 exactement) qui avaient refusé de voter les pleins pouvoirs à Pétain.
L’histoire nous est témoin, l’état d’urgence ne fonctionne pas. Pire, il est souvent le théâtre du fourvoiement de l’idéal républicain.
Il n’a pas fonctionné à Vichy : Il a mis la France au ban des nations et de l’histoire. La France a vu la déportation de citoyens français par ceux qui avaient donné une religion à notre nation.
Il n’a pas fonctionné à Alger : Il a mis la France au ban des nations et de l’histoire. La France a vu la torture, les « corvées de bois » ; nos services secrets, couverts par le premier ministre, allant jusqu’à créer une organisation terroriste, la Main Rouge qui fera 132 victimes en 1960 seulement.
Il n’a pas fonctionné en Nouvelle Calédonie : Il a mis la France au ban des nations et de l’histoire. La France a vu nos services s’illustrer en laissant mourir (doux euphémisme) les militants indépendantistes Eloi Machoro puis, 3 ans plus tard, Alphonse Dianou.
Il n’a pas fonctionné à Clichy-sous-Bois : il a mis la France au ban des nations et de l’histoire. La France a vu mourir deux de ses enfants parce qu’ils n’avaient ni la bonne couleur de peau ni la bonne religion. Pire, son ministre de l’intérieur couvrait les bavures policières.
A chaque fois, les députés n’avaient pas assumé leur rôle de contrôle de l’action du gouvernement.
En 2005, les socialistes, fidèles à leurs idéaux, avaient pourtant fait preuve de courage et de lucidité et voté contre l’état d’urgence.
Tous ? Non : 3 députés socialistes s’étaient abstenus ; deux par erreur. Un seul l’avait fait en confiance : il s’appelait Manuel Valls. Elu pour exprimer la volonté populaire, il n’avait rien à dire.
Martine Aubry, premier secrétaire du Parti Socialiste, avait demandé à Manuel Valls de tirer les conclusions de ses idées et de quitter le parti.
Aujourd’hui, c’est le parti dit « socialiste » qui a rejoint ses « idées ».