Aquilino Morelle a démissioné de son poste de conseiller à l'Elysée. Il est soupçonné d'avoir travaillé pour un laboratoire pharmaceutique qu'il était censé contrôler en tant qu'inspecteur de l'IGAS. Enarque, fonctionnaire détaché à la présidence, en démissionant, il doit donc revenir naturellement à son corps d'orgine,... l'IGAS.
Or, son travail à l'Elysée n'est pas en cause. Le président nous a même confirmé qu'Aquilino Morelle y avait "bien travaillé". Si faute il y a, c'est de l'IGAS qu'il aurait donc dû démissioner voire être renvoyé pour faute lourde. Mais, on le sait aujourd'hui, la raison de la présidence Hollande a des raisons que la Raison ne connaît pas.
Aquilino Morelle représentait pourtant un gage d'authenticité à l'Elysée. Celui, que l'on présente comme un "petit marquis", est en fait... fils d'ouvrier immigré. Modèle d'intégration, il doit sa réussite sociale à l'Education nationale, à une époque où cette dernière, tout aussi décriée aujourd'hui, permettait encore une ascension sociale aux brillants fils d'ouvriers. Elève méritoire, il fera d'excellentes études de médecine. Parallèlement, celui, que l'on présente aujourd'hui comme un dilettante notoire, suivra les cours de l'institut des Sciences Politiques. Elève remarquable, il réussira brillamment le concours d'entrée à l'E.N.A. dont il sortira diplômé de la promotion Condorcet.
Inspecteur à l'IGAS, il se distinguera notamment grâce à deux rapports, l'un sur le scandale des transfusions sanguines en milieu carcéral et l'autre sur le scandale des politiques de santé publique en pleine affaire du sang contaminé. Il persistera quelques années plus tard en démontant les failles du service public lors de l'affaire du Mediator, autre scandale qui révèlera beaucoup de responsables mais peu de coupables. Autant d'efficacité ne pouvait pas ne pas créer d'animosités voire de jalousies. Malgré la récurrence des scandales liés aux politiques de santé publique, peu d'inspecteurs de l'IGAS se sont fait connaître pour nous expliquer ou nous rassurer sur l'efficacité de notre système de santé. L'IGAS avait surtout l'habitude de se faire connaître au moment de nominations par le seul fait du "prince" de politiciens en mal de reclassement : Rafaël Radanne (ex-conseiller de Nicolas Sarkozy), Michel Yahiel (ex-conseiller de François Hollande), François Chieze (directeur de cabinet de Nadine Morano), Fadala Amara, François Chérèque, Dominique Voynet,.... Alors évidemment un véritable médecin à l'IGAS, cela fait un peu tâche.
Et au pays du bourgeois gentilhomme, un fils d'ouvrier immigré occupant le bureau de Valéry Giscard d'Estaing, descendant d'une maîtresse de Louis XV, ce n'est pas acceptable. Si, en plus, il gêne l'ascension de meilleurs marquis, il faut absolument trancher. Alors s'est mis en branle la machine à nous indiquer ceux que l'on doit aimer et ceux que l'on doit détéster : le quatrième pouvoir, en deux mots, Michaël Hadjenberg. Ce par ailleurs excellent journaliste nous apprend illico qu'Aquilino Morelle se fait cirer les chaussures par un... cireur de chaussures, sans s'étonner que ce métier existe donc bel et bien. Il nous révèle qu'Aquilino Morelle arrive tard, voire très tard au bureau le matin, si, si c'est un collègue qui lui a dit. Pire, un de ses enfants utilise, quelle horreur, la voiture de service pour aller à l'école. Et bien d'autres choses encore que ma mère m'interdit de reproduire ici !
Parmi les rumeurs, une véritable information apparaît : Aquilino Morelle aurait perçu, il y a 7 ans, 12500 euros pour une activité de conseil auprès d'un laboratoire pharmaceutique danois alors qu'il était inspecteur de l'IGAS. En soi, ce n'était pas interdit mais il aurait dû le signaler et il ne l'a pas fait. Nous verrons ce que la justice décidera. En attendant, notre Georges Dandin doit démissionner. Et personne de s'étonner que si l'information est vérifiée alors le président aurait dû le renvoyer pour faute lourde et prévenir la justice.
Alors que risque Aquilino Morelle ? Raisonablement pas grand chose. Seulement entre-temps, il aura quitté l'Elysée. De conseiller présidentiel, il est redevenu conseiller des ministres; C'est le rôle officiel de l'IGAS. Il continuera de percevoir ses émoluements de haut fonctionnaire doublé de ceux de professeur d'université. Cela est autorisé. Et si un jour le prince et Mediapart lui pardonnent, espérons qu'il ne soit pas oublié et qu'il soit nommé à un de ces postes hautement rémunérateurs dont regorge la république des amis. Et pourquoi pas directeur du musée des assauts des pique-assiettes ?