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Billet de blog 21 décembre 2016

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Cochon de Suisse

Article publié en 2014

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les Suisses sont pointilleux; je dirais même plus, ils sont mé-ti-cu-leux. Eux sauraient très bien faire la différence entre Dupont et Dupond. Ne sont-ils pas aujourd’hui des experts en microélectronique et en nanotechnologies ? Mais ce ne fut pas toujours le cas.

Il fût un temps, par exemple, où ils n’arrivaient pas à distinguer l’or nazi de l’or des Juifs. Maintenant, ils y arrivent très bien. Ils ont beaucoup progressé dans ce domaine.  Mais parfois l’évolution s’est faite dans le sens inverse.

Il fût un temps, par exemple, où ils arrivaient très bien à distinguer un Algérien venu placer l’argent du F .L.N. sur un compte suisse et un cochon d’étranger.  Aujourd’hui, ils n’y arrivent plus.  Il faut dire qu’entre-temps ce même réfugié politique a perdu sa valise. Forcément, c’est plus difficile à distinguer.

Et d’ailleurs le Tribunal Fédéral a donné raison à ce  pauvre policier qui avait été d’abord condamné pour propos racistes. Dans sa grande sagesse, le Bundesgericht a en effet jugé que l’expression Sau-Ausländer (« cochon d’étranger ») n’était pas raciste, peut-être un tantinet insultante mais pas du tout raciste.

Ils ont donc cassé le premier jugement de la Cour de Justice de Bâle qui n’avait pourtant condamné le pauvre policier qu’à une amende avec sursis. Mais c’était encore trop pour nos sages juristes, linguistes d’un jour. Dans un arrêt  qui fera donc jurisprudence, ils ont établi que l’expression « cochon d’étranger » ne saurait être qualifiée de raciste.

Face à un Algérien, pauvre de surcroît, la décision du Tribunal Fédéral fera sans doute l’unanimité en Suisse. Je crains cependant que les associations de défense des animaux ne l‘entendent pas ainsi.

Ont-ils seulement penser à ce qu’avait ressenti ce noble animal, star incontestée de la cuisine helvétique ? Être ainsi associé à un demandeur d’asile, sans compte en banque ? N’ont-ils pas de cœur sous leur portefeuille ?

Justin Bridou ou notre Brigitte nationale, réconfortée par ses nouvelles amitiés frontistes, pourraient fort justement décider de pousser un cri. Dans ce cas, je crains que ni Vaugelas ni de Saussure ne pourraient sauver nos juges cochonophobes d’une condamnation sans appel.

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