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Billet de blog 21 décembre 2016

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Les amis d’Israël

Article publié en 2014

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En France, Israël compte beaucoup d’amis. Et pourtant, la côte de popularité de l’état d’Israël dans notre pays ne cesse de s’effriter. Un rapide tour d’horizons de ces « amis » d’Israël permet de comprendre les raisons d’une telle désaffection.

Comme c’est le cas pour beaucoup de pays amis, Israël possède en France une ambassade. Mais cette ambassade brille surtout par son absence médiatique. Son Excellence Yossi Gal est pourtant un ambassadeur d’expérience; il a déjà représenté son pays aux Etats-Unis et aux Pays-Bas. Polyglotte accompli, il parle parfaitement l’hébreu et l’arabe, langues officielles de son pays mais aussi l’anglais et le français.  Pourquoi est-il donc si peu visible dans les médias français ?

Depuis l’excellent Elie Barnavi qui charmait les médias français par son érudition, sa capacité d’écoute et son humanisme, aucun ambassadeur d’Israël n’a plus offert une image positive de l’état juif. Plutôt que de s’adresser aux français par le biais de livres, d’interviews ou de rencontres avec la société civile, les derniers ambassadeurs israéliens ont limité leur communication aux seuls politiciens français. L’image d’Israël souffre surtout de cette association avec des élites politiques françaises, éloignées de leur base militante et dans lesquelles les français ne se reconnaissent pas.

L’ambassade ayant abdiqué, son rôle a été repris par le Conseil Représentatif des Institutions Juives. Né de la résistance, le C.R.I.F. s’affirmait tout d’abord comme une association française; à l’instar de leurs compatriotes, les juifs de France tentaient de se réveiller du cauchemar que fût la seconde guerre mondiale. Le C.R.I.F. accompagnera cette renaissance. Représentant non pas tous les juifs de France mais chacun d’entre eux, il va tout d’abord épouser la richesse et la diversité de la communauté juive de France. Puis cette association humanitaire va se transformer en association politique. Durant la seconde Intifada, elle va entériner une scission définitive avec le Consistoire Central Israélite de France. Le C.R.I.F. ne représente donc plus que les juifs… qui ne le sont pas.

Puis il va opter pour une orientation politique qui ne le fera plus représenter que les juifs de droite voire d’extrême droite. Devenu le représentant du Likoud de Netanyahu, le C.R.I.F. va alors phagocyter la défense de l’état juif en France par le biais de trois de ses porte-paroles : Le député franco-israélien Habib Meyer, le banquier de chez Rothschild, Roger Cukierman, et l’avocat « athée juif » Gilles-William Goldnadel. Chacune de leurs apparitions médiatiques provoque la question suivante : Existe-t-il un humanisme juif ?  

Jacques Attali et Eli Barnavi ayant disparu de la sphère médiatique, la défense d’Israël est désormais soutenue sur le plan intellectuel par deux philosophes de renom, Alain Finkielkraut et le roi du surgelé Bernard Henri Levy. Là encore, les mêmes causes produisant les mêmes effets, chacune de leurs interventions entame un peu plus la crédibilité de l’état juif.  La défense d’Israël ne convainc plus par la simple raison. Elle doit donc s’imposer par la raison du plus fort !

Fait unique dans le monde, le ministre de l’intérieur français fait alors interdire à Paris une manifestation hostile à la coalition gouvernementale de l’extrême droite israélienne. Ces mêmes manifestations sont pourtant autorisées en Israël. De plus, ses hésitations à dissoudre en France la Ligue de Défense Juive, pourtant interdite en Israël, achèvent de ronger le reste de sympathie à l’égard de l’état juif.

D’où, l’intervention de celui qui reste quand même et de manière éternelle lié à Israël : Pro-palestinien au niveau municipal, l’ancien maire d’Evry se découvre enfin une vocation israélienne et un destin national. Devenu Premier Ministre, il justifie l’interdiction du droit imprescriptible de manifester publiquement son opinion par de douteux amalgames entre les indignés parisiens et la Gestapo nazie. Or, c’est justement l’association que voulait éviter Israël.

Auparavant, le président de la république avait brisé la prudence et la recherche de l’équilibre propres à la diplomatie française en affichant un soutien sans faille au seul gouvernement israélien. Pire, il rappellera les heures noires de François Mitterrand pendant la guerre d’Algérie en cautionnant « toutes les mesures » employées par l’armée israélienne à Gaza. Or, ce sont justement l’ampleur de ces mesures qui indignent les français. De plus, ces derniers ont remarqué que le communiqué de l’Elysée faisait suite à un coup de téléphone du premier ministre israélien… comme si la France était devenue un vulgaire vassal d’Israël. Autant d’incompétence en matière de communication interpelle.

Israël ne souffre pas d’un supposé antisémitisme français; Israël souffre d’abord du manque de compétence, d’intelligence et d’empathie de ceux qui, en France, se prétendent ses amis.

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