La nature finit toujours par ressembler à l’art. Les dernières péripéties d’Alstom ressemble à s’y méprendre au scénario d’un film d’Henri Verneuil « Mille Milliards de Dollars ». Une entreprise américaine, GTI, avec un passé sulfureux durant la période nazie tente de racheter le fleuron de l’industrie française. Mais la comparaison s’arrête là car il y est aussi question d’un riche homme politique supposé intègre et soumis à une tentative de corruption pour finaliser la fusion avec l’industriel américain voire d’un patron de journal qui reflète mot pour mot la position de ce même industriel américain. Et ce même journal serait de connivence avec la police. Qui pourrait croire à de pareilles fables ?

Mille milliards de dollars, une somme établie pour frapper les esprits, représentait en fait le chiffre d’affaires des 30 plus grandes entreprises du monde occidental. Nous sommes en pleine guerre froide, à l’époque. Vingt ans plus tôt, il fallait fusionner les 200 plus grandes entreprises pour atteindre cette somme colossale. Aujourd’hui, la fusion des seuls Shell et Exxon pourrait effectivement approcher ce chiffre.
Pour achever de nous dégoûter de ce milieu cynique et inhumain, le film flirte sur le passé pronazie du géant américain. L’imagination d’Henri Verneuil ne pouvait envisager qu’une firme allemande comme Siemens, véritable fleuron de l’industrie nazie, vienne directement racheter le fleuron de l’industrie française. C’est pourquoi il imagine une entreprise américaine racheter le géant français pour le compte d’un pays qu’il ne nommera jamais. Parfois la réalité dépasse la fiction.