Avertissement : Cet article va dire du bien de Jean-Marie Le Pen. Que les âmes sensibles, les veuves effarouchées, les résistants de la 25ème heure, Manuel Valls s’en éloignent. Ce billet ne leur est pas adressé.
En 1972, l’extrême-droite n’existe pas en France. Et pourtant, les militants de la droite extrême sont légion. Mais ils ne croient plus en la politique et ne vont plus voter. Ils rêvent bien de prendre le pouvoir. De préférence, par la force ; l’action militante et violente semblait alors mieux correspondre à leurs idéaux machistes et leurs idoles légionnaires.
Ils ne forment pas un mouvement homogène ; loin s’en faut. Il y a là des monarchistes, des poujadistes, des pétainistes, des nostalgiques de l’Algérie française, des anciens de l’O.A.S. voire des néo-nazis. Ils ne s’entendent pas entre eux.
En véritable homme politique, et dans le sens le plus noble du terme, Jean-Marie Le Pen va donner une expression et un sens à tous ces laissés pour compte de la politique. C’est en ces termes qu’il faut apprécier tout le travail accompli par Jean-Marie Le Pen. Mieux, il va ramener ces parfois dangereux militants sur le chemin de la légalité et de l’électoralisme.
C’est un fait. On peut penser tout le mal que l’on veut de Jean-Marie Le Pen ; on ne peut cependant pas nier l’excellence du travail accompli.
A l’heure où l’on ne sait plus très bien ce qu’est un homme politique, où les députés font preuve de la plus servile obédience, où les sénateurs justifient leur inutilité, où les partis politiques semblent plus préoccupés de leur survie financière que de leur idéaux, il est bon de rappeler ce qu’est un homme politique: Celui qui donne une expression et un sens à la nébuleuse des idées exprimées par des groupes de citoyens. Et Jean-Marie le Pen a été cet homme politique.
On le sait aujourd’hui. Le succès du Front National ne doit rien à Jean-Marie Le Pen. Le Front National est et a été trop utile aux intérêts de ceux qui nous dirigent et qui n’ont jamais appartenu au Front National. Mais ce n’est pas la question. L’objet de ce billet est de reconnaître le travail d’analyse et de synthèse réalisé par Jean-Marie Le Pen sur l’expression politique d’extrême-droite. A tel point qu’il ne saurait exister en France d’extrême-droite en dehors de lui.
De l’autre coté de l’échiquier politique, nous avons un parti socialiste qui occupe aujourd’hui tout l’espace politique laissé libre par l’évanescence des mouvements centristes. Le P.S. ne peut donc s’en retirer sous peine de redonner du poids à des partis qui lui siphonnent des voix si nécessaires dans la bataille électorale. Ce faisant, le P.S. ne peut plus correspondre aux aspirations des militants de gauche qui formaient la base de son parti. Depuis le 25 août 2014, le P.S. est devenu officiellement un parti de centre droit représenté au gouvernement et à l’assemblée par au moins 200 députés.
Dès lors, que deviennent les militants de gauche, laissés pour compte par ce décalage de l’échiquier politique vers la droite ? Certes ils ne forment pas un groupe homogène. Et évidemment ils ne s’entendent pas forcément entre eux. Ils expriment cependant tout un courant de pensée partagé par des millions de français mais sans représentation parlementaire. Et demain, ils devront donc voter par défaut non plus pour leurs idées mais contre celles des autres, victimes de l’éternel chantage du vote utile voire républicain. Devant un tel dilemne, certains s'abstiendront ; d'autres, hélas, iront rejoindre les enfants du Grand Timonier Breton ?
Ne serait-il temps de voir émerger un Jean-Marie Le Pen de gauche ?