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Billet de blog 23 novembre 2015

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Genèse du terrorisme

Il n’y avait pas d’opposition de gauche au parlement. Il n’y a maintenant plus d’opposition de droite. Et l’OTAN nous impose des lois d’urgence qui vont à l’encontre de notre démocratie. Dès lors, l’opposition se fait ailleurs. De manière moins contrôlée. Plus dangereuse. C’est ainsi et pour ces mêmes raisons qu’est né le terrorisme allemand des années 70.

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A l’époque, l’Allemagne est divisée en deux : A l’est, une Allemagne démocratique et populaire sous le giron de l’Union Soviétique ; à l’ouest, une Allemagne fédérale sous le giron de l’OTAN.

Illustration 1

En 1956, le parti communiste est interdit en Allemagne de l’Ouest. Seuls 3 partis sont représentés au parlement.

En 1966, Kurt-Georg Kiesinger, un ancien nazi, est alors nommé Bundeskanzler sur la base d’une grande coalition entre la gauche et la droite. Il est membre du CDU/CSU, le grand parti de la droite allemande ; alors il nomme vice-premier ministre, Willy Brandt, alors président du SPD, le parti de gauche allemand.

La conséquence est immédiate : Il n’existe plus d’opposition parlementaire.

Les jeunes ne se retrouvent pas dans cette société qu’ils jugent raciste, sexiste et impérialiste. Le fait qu’un ancien nazi puisse être premier ministre a sans doute été le point de rupture. Des étudiants décident alors de créer l’Opposition extra-parlementaire, APO en allemand. De grandes manifestations étudiantes vont s’organiser contre les lois d’urgence qui répriment les libertés individuelles. Ces lois d’urgence sont imposées au gouvernement allemand par l’OTAN.

Illustration 2
Assassinat de Benno Ohnesorg

Lors des manifestations, un étudiant, Benno Ohnesorg, qui manifestait pour la première fois, est tué à bout portant par un policier en civil. Des manifestations s’organisent pour demander des éclaircissements au sujet de cet assassinat. Ces manifestations dénoncent la responsabilité de certains journaux de droite, et notamment ceux du groupe Axel Springer (Bild, die Welt, Berliner Morgenpost,…)

Les journaux de droite demandent effectivement la répression de ce mouvement étudiant et s’acharnent contre l’un de ses meneurs, Rudi Dutschke. Le 11 avril 1968, Rudi Dutschke est blessé de trois balles par un étudiant d’extrême-droite. Rudi Dutschke mourra 11 ans plus tard des séquelles de cet attentat. Son assassin se suicidera dans les fameuses prisons allemandes.

Avant de devenir légitimiste et donner naissance, 11 ans plus tard, au parti vert allemand avec notamment Daniel Cohn-Bendit et Joschka Fisher, ce mouvement de contestation va connaître des conséquences sombres avec la formation du célèbre groupe terroriste : la Fraction Armée Rouge.

Illustration 3

L’explication de cette radicalisation se trouve dans l’absence de réponse politique aux légitimes aspirations du peuple allemand, et notamment de sa jeunesse. Mais aussi et surtout dans la réponse totalitaire et répressive du régime.

C’est pourquoi certains sont passés de la manifestation à la résistance. Il s’agira, entre autres, de Holger Meins, de Andreas Baader, d’Ulrike Meinhof, de Gudrun Ennslin et de Jan Carl Raspe.

Ils seront arrêtés en 1972 et mis dans une prison spécialement créée pour eux : Stammheim

  • Holger Meins mourra en prison des suites d’une grève de la faim le 9 novembre 1974
  • Ulrike Meinhof a été retrouvée pendue dans sa cellule le 9 mai 1976. Le gouvernement allemand n’a jamais autorisé la publication de sa première autopsie.
  • Gudrun Ennslin, Jan Carl Raspe et Andreas Baader seront retrouvés mort, chacun séparément dans leur cellule respective, le  18 octobre 1977. Gudrun Ennslin étranglée par un câble électrique ; Raspe et Baader tués par balles. Comment ont-ils pu se procurer des armes dans cette prison ultra-sécurisée ? Mystère...

Dans un communiqué à Reuters, la Fraction Armée rouge s’est officiellement auto-dissoute le 20 avril 1998. C’est ironiquement la date anniversaire de la naissance d’Adolf Hitler.

Cet article est un appel à tous les anciens qui ont vécu cette période de venir témoigner. En histoire comme ailleurs, les mêmes causes produisent les mêmes effets. La génération de 70 a un devoir de mémoire pour les jeunes générations.

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