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Billet de blog 24 novembre 2015

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Du djihadiste comme bâtard sartrien

Le djihadiste de l’Etat Islamique est à l’opposé de nos valeurs. Il a pour hymne national un chant de guerre dans lequel il déteste les étrangers. Et il mène la guerre à Bashar el Assad. Il existe trois niveaux de critiques du djihadiste. Chacune de ces critiques nous prouve, si besoin était, la supériorité des valeurs occidentales lors du bombardement de villes syriennes.

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Illustration 1
batard

On le sait, le djihadiste de l’Etat Islamique est à l’opposé de nos valeurs. Il a pour hymne national un chant de guerre dans lequel il déteste les étrangers. Et il mène la guerre à Bashar el Assad.

Si tout le monde s’accorde à le détester, chacun ne le fait ni de la même manière ni pour les mêmes raisons.

Il existe trois niveaux de critiques du djihadiste :

  • La critique américaine

C’est la plus commune. On la reconnaît à sa sémantique. Chacun sait que celui qui performe le djihad est un moudjahid… sauf le barbouze américain. Or c’est lui qui est en charge de la politique extérieure américaine. Alors un moudjahid devient un djihadiste.

Depuis la chute du IIIe Reich, le barbouze français collabore volontiers avec le barbouze américain ; alors il s’applique à recopier la sémantique de l’Oncle Sam.

Et comme c’est lui qui dicte les éditoriaux, les journalistes ont suivi. Il faut dire que ces journaux appartiennent aux marchands d’armes.

On le sait, le temps de cerveau disponible de nos  politiciens appartient exclusivement aux médias, alors ils ânonnent ce qui se dit à la télé.

Et donc le gentil moudjahid, qui faisait les yeux doux à Nicole Fontaine, alors présidente du Parlement Européen, a laissé la place au vilain terroriste.

  • La critique islamophobe

Cette critique est le corollaire de la première. Elle n’existerait pas sans elle.  Cependant cette critique est graduelle

o   Postulat 1 : Le djihadiste est musulman, surtout  quand sa pratique consiste à fumer des joints et boire de la bière belge. Il s’agit d’une tactique pour tromper l’ennemi

o   Postulat 2 : Le djihadiste vit dans des quartiers où ne vivent que des musulmans et que c’est de leur faute car ces gens-là ne veulent  pas s’intégrer

o   Postulat 3 : Le djihadiste s’est constitué tout un arsenal militaire grâce à nos trop généreuses prestations sociales. Il est à lui seul la cause de notre déficit.

o   Postulat 4 : Le djihadiste a déjà connu la prison. Là, il s’est ra-di-ca-li-sé.  « Se ra-di-ca-li-ser » signifie prendre un billet d’avion et aller faire du tourisme au Pakistan, en Afghanistan, en Turquie, en Syrie, accessoirement en Israël.

o   Conclusion : Il est revenu en France commettre l’irréparable pour se faire tuer par le RAID sous l’œil bienveillant des caméras du journal de 20 heures, du procureur de Paris, des juges d’exception pratiquant une justice d’exception grâce à des lois d’exception concoctés par nos députés obéissants.

Conclure qu’il n’existe pas d’islam modéré, qu’un musulman est en puissance un djihadiste et que le Coran est un livre de guerre  à chaque page. Toujours préciser que vous, vous l’avez lu.

Développer la théorie du grand remplacement

  • La critique bourgeoise

Enfin, last but not least, vient la critique bourgeoise : celle qui n’admet pas que ce fils de gueux puisse avoir l’idéal bourgeois du bâtard sartrien.

Cette critique émane surtout d’anciens maoïstes, dits intellectuels, reconvertis dans les BMW de fonction et la pensée confortable de ceux que le gouvernement a chargé d’austères études dans des comités Théodule bien rémunérés.

Alors quand Lafcadio, dans "Les caves du Vatican" de Gide, tue un inconnu sans raison apparente, il prouve « son détachement des déterminismes et une forme de liberté ». Dans la même situation, Mourad est, lui, un « ennemi de l’intérieur ». 

Lorsque le très jeune héros du Taniko de Brecht accepte de mourir pour la cause, c’est par « volonté de sortir de l’opposition entre sa culture et une cellule familiale dominée par la mère ». Dans la même situation, Djamel est un « fondamentaliste intégriste ».

Et si, d'après Malraux, "la condition humaine" de Tchen consiste à sombrer dans une « mystique suicidaire », Khaled lui est bien un « kamikaze fanatique exalté et drogué ».

De même, dans "les mains sales" de Sartre, si Hugo est un intellectuel anarchiste, qui, pour se salir les mains, tue Hoederer et « concilie ainsi le marxisme dialectique et l’idéal existentialiste »,  Mustafa, dans la même situation, lui, reste un tueur « islamo-fasciste ».

Enfin, dans "les Justes" de Camus, lorsque Kaliayev décide de mourir volontairement après avoir tué le Grand-Duc afin de mettre un terme à « l’absurdité de sa condition d’homme révolté », Walid, lui, dans la même situation se révèle un « obscurantiste religieux ».

Chacune de ces critiques nous prouve, si besoin était, la supériorité des valeurs occidentales lors du bombardement de villes syriennes

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