
Lorsque le 29 juillet 1987, Margaret Thatcher vint à Paris ratifier le Traité de l’Eurotunnel, signé 18 mois plus tôt dans la superbe cathédrale de Canterbury, elle décrit le tunnel sous la Manche comme «a demonstration of how to go about the practical making of Europe and demolishing its barriers* ». A l’heure du Brexit, ces propos portent à sourire.
Extatique, face à un François Mitterand médusé, la Dame de Fer ajoutera même « I believe that this will be a major step forward for exporters, for business travellers and for tourists** ». Comme souvent chez les conservateurs, elle avait juste oublié d’y ajouter les travailleurs.
Pyramides des temps modernes, Eurotunnel a d’abord été un gigantesque rassemblement de travailleurs : plus de 13 000 travailleront pendant cinq ans sur ce projet. Personne n’est vraiment intéressé à savoir ce que sont devenus ces 13 000 travailleurs à la fin du projet.
Eurotunnel se vante aujourd’hui de permettre à plus de 16 millions de passagers de traverser la Manche chaque année (366 millions depuis May 1994).
Pourtant nos deux gouvernements trouvent intolérable lorsque les services de sécurité de l’Eurotunnel avouent avoir arrêté 40 000 migrants depuis de début de l’année, soit une moyenne de 0,4% des passagers.
Oui mais voilà, ces passagers sont des « migrants ». Encore un de ces termes, dont personne n’a la définition exacte mais qui est largement utilisé par le monde politico-médiatique.
Ce terme s’applique habituellement lorsque la décision d’émigrer est prise librement par l'individu concerné, pour des raisons « de convenance personnelle ». N’est-ce pas le cas de chacun des 16 millions de passagers ?
Ces « migrants » paient en moyenne plus de 3 000 euros pour venir de leur pays ; on suppose qu’ils ont donc largement de quoi payer le billet Sangatte – Folkstone. Oui, mais ils n’ont pas de visa. Et il n’existe pas encore de tunnel sous l’administration des visas.
Pourtant les « migrants » sont une source de revenus non négligeables pour beaucoup.
- D’abord pour le Croix Rouge qui a ouvert le Camp de Sangatte en 1999
- Puis pour toutes les ONG dont c’est véritablement le gagne-pain
- Quand Sarkozy fermera le camp de Sangatte en 1992, des promoteurs immobiliers se disputeront le droit d’accueillir les familles expulsées. Ce sera le début de la fortune de Mike Holland, le « sauveur de Brighton » en Angleterre, entre autres.
Aujourd’hui 170 bus ont été affrétés pour transporter ces familles indésirables aux quatre coins de la France où ils iront enrichir des plus malins qu’eux.
Et notamment certain politicien en mal de réélection…
* une preuve de comment réaliser de manière pratique l'Europe en démolissant ses barrières
** Je crois qu'il s'agit d'un progrès majeur pour les exportateurs, les voyageurs d'affaires et les touristes