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Billet de blog 8 juillet 2022

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Pôle emploi : des lacunes en langues

« Langues étrangères : une carte à jouer » clame Pôle emploi sur l'une des pages de son site internet. Sauf qu'en réalité, dans son paquet de compétences, l'institution propose bien peu de cartes...

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Selon l'ONG Ethnologue, environ 7 000 langues sont actuellement pratiquées dans le monde. De quoi ouvrir un très grand espace d'opportunités d'emploi en enseignement, traduction, commerce et autres relations internationales.

Or la mission de Pôle emploi est bien de faciliter l'accès à ces opportunités pour les usagers et faciliter le sourcing de candidats pour les recruteurs, notamment pour les postes à pourvoir sur le territoire national.

Problème : sur les 7 000 langues, seules 70 sont proposées en compétences par Pôle emploi dans l'espace personnel des usagers. Dès lors, les recruteurs qui cherchent un profil maîtrisant une langue absente de cette très courte liste seront bien en peine avec les services de l'institution.

Quelles sont ces 70 langues ? On y trouve heureusement les langues étrangères comptant le plus de locuteurs à travers le globe, enfin presque : 6 langues pratiquées en Inde par un total de 500 millions de personnes sont absentes de la liste ainsi que le cantonais, langue officielle d'Hong-Kong et Macao. Les usagers et recruteurs devront se contenter de l'item fourre-tout Autre asia... Le tagalog, pratiqué par 65 millions de philippins, est bien dans la liste. En revanche l'haoussa, parlé par plus de 70 millions de personnes au Niger et Nigeria, n'y figure pas.

La plupart des langues européennes sont également recensées dans la liste de Pôle emploi, y compris l'islandais qui ne compte que 300 000 locuteurs. On trouve aussi le maltais, le luxembourgeois et une deuxième appellation fourre-tout Autre Slave dont on se demande bien l'intérêt vu que l'essentiel des langues slaves figurent bien séparément dans la liste.

Quid des langues régionales ?

C'est justement là où le bât blesse : nos langues régionales font non seulement partie de notre patrimoine culturel mais elles sont également de véritables compétences professionnelles pour accéder à des emplois, en particulier dans l'enseignement. Or aucune langue régionale ne figure dans la liste de Pôle emploi, à une exception près : le polynésien, qui en réalité n'existe pas en tant que tel puisque ce sont une dizaine de langues différentes qui sont pratiquées par nos compatriotes de ce territoire ultra-marin.

Pourtant, rien qu'en métropole, l'occitan est parlé par près de 800 000 personnes, autant que l'arménien qui lui figure dans la liste de notre (très) cher opérateur Pôle emploi. L'alsacien est, pour sa part, pratiqué par 500 000 compatriotes du Grand Est.

Il y a aussi le cas du breton, autant parlé que l'islandais, mais qui ne figure pas dans la liste. Trois étudiants bretonnants ont d'ailleurs lancé une pétition pour demander à Pôle emploi de référencer leur langue régionale. A l'appui de leur requête, ils font observer que de nombreuses offres d'emploi requérant la pratique du breton sont actuellement en diffusion sur internet, mais très peu sur pole-emploi.fr où les recruteurs ne pourront pas identifier les profils idoines dans le fichier de candidats.

Faut-il le rappeler encore : Pôle emploi aussi a des devoirs (inscrits dans le Code du travail) dont aider et conseiller les entreprises dans leur recrutement, assurer la mise en relation entre les offres et les demandes d'emploi. Or pour le moment, en matière de compétences linguistiques, le compte n'y est pas.

Image : Pixabay

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