Des rivières en feu, comme celles qu’on a pu voir à Bangalore en 2018, peuvent légitimement apparaître comme un comble de dégradation de l’environnement. Elles témoignent même de problèmes bien plus structurels car la ville qui passe pour le cœur de la « Silicon Valley » indienne s’avère gravement polluées par les rejets chimiques et les métaux lourds, au point que les eaux ne sont plus potables et qu’une majeure partie de la biodiversité est contaminée. Certains chercheurs craignent même qu’à échéance d’une décennie, la ville ne soit plus habitable, du moins sans compromettre sérieusement la santé de ses habitants.
Ces données particulièrement inquiétantes font écho à des choses dont bien peu d’Occidentaux se souviennent. En effet, des « incendies de rivières » se sont aussi produits aux États-Unis à partir du milieu du XIXe siècle. Le phénomène s’est manifesté avec une ampleur considérable dans la rivière Cuyahoga à Cleveland dont la concentration en produits chimiques a provoqué au moins une douzaine d’incendies et d’explosions, les plus graves ayant eu lieu en 1952 et en 1969.
Cela amena la mise en place aux États-Unis de normes plus sévères, comme les amendements à la législation sur le contrôle fédéral des pollutions aquatiques de 1972 (Federal Water Pollution Control Act Amendments).
C’est aussi à partir des années 1970 que les délocalisations d’industries polluantes et dangereuses vers les pays du Sud se sont multipliées, ce qui a limité ce type d’accidents en Occident… On les retrouve désormais ailleurs, notamment en Inde et en Chine…
Pour ceux que cela intéresse, j’aborde la question de la prédictibilité de ces problèmes dans un essai sur les pionniers de la science-fiction et l’environnement, paru dans le numéro 52 de la revue Galaxies en mars 2018.