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Billet de blog 9 décembre 2016

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Sioux, Notre-Dame des Landes et Tibet... même combat ?

En cette fin 2016, les médias ont salué une "victoire" quand l’administration fédérale des États-Unis a annoncé l'arrêt de travaux d’oléoduc traversant le Dakota du Nord et devant passer sous la rivière Missouri, au risque de graves pollutions. Par-delà le risque de remise en cause par la future administration Trump, qu’est-ce que cela nous apprend sur le respect des droits des peuples ?

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Le 5 décembre 2016, l’armée américaine « propriétaire » des terrains près de rivière Missouri sur lesquels devaient passer le pipeline a déclaré qu’elle ne délivrerait pas l’autorisation de poursuivre les activités à l’entreprise privée qui effectuait les travaux. On ne peut que se réjouir que ceux qui se proclament les « Défenseurs de l’eau » aient obtenu gain de cause, même si cela n’a pas pu empêcher la destruction de plusieurs sites sacrés amérindiens d’inhumation et de prière.

Ce succès n’a été possible que parce que pendant plusieurs mois, bravant le froid de ces régions, plus de 200 tribus ou nations amérindiennes se sont associées à cette contestation et que des personnalités de premier plan, comme les comédiens Leonardo DiCaprio et Susan Sarandon, ou Jill Stein, la candidate écologiste aux présidentielles américaines, se sont mobilisées.

Cela révèle par ailleurs plusieurs grandes faiblesses de nos systèmes qui se disent « démocratiques » et qui prétendent prendre en compte l’environnement, à commencer par l’incapacité à mener en amont de vraies concertations avec les populations, comme on a pu le voir en France avec les projets de barrage de Sivens ou d’aéroport de Notre-Dame des Landes.

Pour en revenir aux Amérindiens, cela doit aussi nous inciter à ne pas oublier que les descendants d’Européens, que l’on appelle désormais les Américains, imposent leurs décisions aux peuples autochtones qu’ils ont massacrés par millions, avant de parquer les 250.000 survivants dans des réserves. Par-delà ces traitements inhumains qui ne sont pas si lointains, il y a encore aujourd’hui plus de 350 traités signés aux XVIIIe et XIXe siècles entre le gouvernement des États-Unis et les nations amérindiennes qui sont régulièrement bafoués, notamment à travers des confiscations de terres.

Dans ce contexte, on peut être surpris que les États-Unis se posent sur la scène internationale en défenseurs des droits de l’Homme. Quel rapport alors avec les Tibétains ?

Eh bien, du point de vue du droit, la situation est-elle si différente entre les Amérindiens, dont les territoires ont été envahis par les Européens lors de la « conquête » de l’Amérique, et les Tibétains qui ont vu leur pays conquis par l’armée de la République Populaire de Chine en 1951. Certes ce qui s’est passé au Tibet est plus récent, mais les derniers grands massacres d’Amérindiens ne sont pas si lointains et vont jusqu’en 1890, avec l’exécution de centaines de femmes, d’enfants et de personnes âgées sioux à Wounded Knee.

D’ailleurs si le gouvernement Chinois était plus malin, s’il voulait montrer que la Chine peut être une grande nation de Droit sur la scène internationale, il s’efforcerait de trouver rapidement une solution diplomatique au problème du Tibet (le Dalaï Lama a fait beaucoup de concessions dans ce sens), avant d’inviter en grandes pompes les représentants des nations Amérindiennes pour leur proposer leur soutien afin de les aider à obtenir la restauration de leurs droits...

Il n’est pas interdit de rêver… En tout cas, ce serait une intéressante remise en perspective, où l’Occident ne pourrait plus se présenter comme « donneur de leçons » face au reste du monde.

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