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Billet de blog 14 novembre 2021

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Cop26 : un quadruple fiasco : après nous le déluge

Comment les commentateurs peuvent-ils se montrer si naïf ou si politiquement correct ? Le pacte de Glasgow n’est pas un texte en « demi-teinte » ni une « avancée timide ». C’est un fiasco et un accord qui sacrifie honteusement les générations futures, alors qu’il y a extrême urgence à agir. Et cela pour au moins quatre grandes raisons.

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Parfois, il vaut mieux pas d’accord du tout, qu’un mauvais accord. Et c’est le cas avec la COP26.

Cela avait déjà été le cas en 1997, avec le protocole de Kyoto. Totalement sous-dimensionné, ce protocole a fait perdre vingt ans aux négociations climatiques.

La même logique a continué de prévaloir à Glasgow : gagner du temps pour changer le moins possible des pratiques pourtant scientifiquement reconnues comme suicidaires à l’échelles de la planète.

Sur quoi la COP26 est-elle est fiasco ? Sur au moins 4 points :

1) d’un point de vue financier, l’OCDE continue de pratiquer son tour de passe-passe en faisant croire que ses membres donneraient « déjà » au titre de l’aide internationale 80 milliards de $ par an au Fonds vert pour les pays du Sud, en tentant de ne pas donner les 100 « nouveaux » milliards prévus par l’accord de Paris, en plus de l’aide internationale. Les pays de l’OCDE ont par ailleurs refusé de mettre en place des mesures pour compenser les pertes et préjudices déjà subis par les pays du Sud. Voir notamment l'article dans Le Monde Diplomatique :

https://www.monde-diplomatique.fr/2021/11/DURAND/63992

2) Le pacte de Glasgow constitue un faux recul sur les fossiles. En effet, il envisage seulement d’essayer de mettre un terme aux subventions « inefficaces » (un terme aussi ambigu qu’absurde) et de « réduire progressivement » l’usage du charbon « sans captation de CO2 », au lieu de viser la fin de l’usage du charbon sous toutes ses formes.

3) d’un point de vue structurel, les discours ont continué de se tenir selon des catégories mentales de pays dits « riches » et « pauvres », ou « développés » et « en voie de développement », alors que ce sont ces logiques mêmes qu’il aurait fallu remettre en question. Sous couvert d’un pseudo « développement durable », les pays qualifiés de « riches » continuent en effet d’être les plus pollueurs de la planète, qu’ils s’agissent de ceux de la première industrialisation (Etats-Unis, Europe, Japon) ou des pays dits « émergents ». Pourtant, tout en continuant d’être pris comme modèle à suivre, c’est leur mode de fonctionnement basé sur la production et la consommation de masse qui mène la planète à des horizons invivables...

4) Au final, ce sont surtout les technologies dangereuses du type : nucléaire, OGM ou l’ingénierie climatique qui vont profiter de la situation, car leurs promoteurs vont utiliser ce pacte de Glasgow pour essayer de pousser à toujours plus d’atome, plus de modifications génétiques ou plus d’interventions à l’aveugle sur le climat.

Les lobbys ont donc gagné, que ce soit ceux des fossiles, de l’industrie de masse, comme des technologies hasardeuses, au détriment du principe de responsabilité. Les lobbys ont gagné du temps dans la logique des négociations du vieux monde, qui reste : « favorisons le présent, après nous le déluge et tant pis pour les générations futures».

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