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Billet de blog 27 août 2022

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Il n’y a pas de grands pays !

L’invasion de l’Ukraine par la Russie est le dernier avatar de l’arrogance des dirigeants, qui ont la vanité de croire que leur culture et leur peuple seraient supérieurs aux autres. Tant que les peuples ne se débarrasseront de ces sentiments, le monde ne fera que trébucher, et ces faux pas seront de plus en plus dangereux à mesure que les armes augmenteront en quantité et en puissance.

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Un consensus large se fait en Occident pour dénoncer l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et la crédulité des dirigeants russes, qui ont pensé pouvoir conquérir un voisin « plus petit » en quelques semaines. Ce consensus n’est toutefois pas mondial, notamment du fait de la crainte suscitée par les pays de l’OTAN, qui ont pour la plupart fait preuve de colonialisme et/ou d’impérialisme, bafouant régulièrement les droits d’autres peuples, y compris après l’avènement de l’ONU en 1945.

Dans le contexte d’une course en avant technologique sans recul et d’une illusion naïve en la possibilité d’un « développement » mondial généralisé, cette guerre en Ukraine ouvre aussi une boîte de Pandore. Cela se vérifie tant par rapport aux risques d’accidents nucléaires, que d’usage d’armes de destruction massive, ou d’explosions de conflits ailleurs, entre la Chine et Taïwan, entre les pays arabes et Israël, entre pays d’Asie, d’Amérique, d’Europe…

Plus fondamentalement et structurellement, c’est la notion même de « grandeur » des nations et la volonté de favoriser à tout prix « son » peuple qui sont à remettre en question. Tant que les dirigeants et les populations auront le sentiment (ou instrumentaliseront l’idée) que leur langue, leur culture, leur civilisation, leur légitimité territoriale, leur droit… sont supérieurs à ceux de leurs voisins, il sera impossible d’échapper à l’émergence de populismes, d’irrédentismes et de volonté de conquêtes ou d’accaparement égoïstes.

Certes, il y a des pays avec des territoires plus vastes que d’autres, une population plus nombreuse, ou une histoire écrite plus ancienne. Il y a aussi des pays qui ont su plus profiter depuis un siècle ou deux de certaines technologies pour accumuler des biens matériels et pour étendre leur influence. Mais justement l’étude de l’histoire montre que tout cela est éphémère et illusoire.

En fait, c’est le concept même d’État-nation qu’il faudrait dépasser pour parvenir à l’idée que tous les peuples sont également importants, doivent être respectés par-delà leurs différences, et devraient s’efforcer de partager équitablement ce dont ils disposent, c’est-à-dire les biens et ressources limités que peut nous offrir notre planète commune.

C’est extrêmement difficile et cela peut sembler relever de l’utopie, notamment du fait de divergences culturelles complexes à concilier, ainsi que de la valorisation quasi systématique de la force et de la possession. Pourtant, si nous ne parvenons pas à établir ce sens de l’Humanité, il y a fort à parier que les conflits ne feront que s’exacerber et se multiplier : en Europe, mais aussi en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique, en Asie…

Comment pourrait-il en être autrement dans un contexte de réchauffement climatique et de fin de l’illusion d’abondance dans les sociétés toujours plus poussées à la consommation de masse ?

Et à ce jeu là, même quand on se croit le plus fort, il n’y a au final que des perdants.

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