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Portfolio 28 mai 2017

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JOUR DE RUE

Café de la Gare - Les jours de rue qui s’parent!

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  1. Illustration 1

    Dès qu'Hypnos rejoins Morphée, Apollon se pare et moi… sur le tard!

    Act1
    Il avait fait exceptionnellement doux
    Ce jour en fin de soirée,
    Une douceur qui vous berce, vous rend paisiblement mou
    Vous rappelle z'Ô délices de l’été,

    Aussi, ai-je décidé d'aller prendre place
    Place du café de la gare, 
    Pour me délecter de la grâce
    Des jours de rue qui s'parent.

    De rue...un square!
    À l’ombre de douze sauvageons marronniers,
    Qui froidement brisent sans égards
    Les rayons qui osent s'y aventurer,

    Quelques rescapés animent par nuées
    De papillons indisciplinés,
    Les pavés et les bancs abandonnés
    À l'étalage des âmes damnées.

    Act2
    Les festivités démarrent
    Dès l'ultime étoile qui s’éteint
    Jusqu'au naufrage épars
    Du dernier mutin,

    Du premier passager à l'aube éclaire
    Au traînard loup solitaire,
    C'est une savante guérite pour qui ne toise
    Les trajectoires infinies qui s'y croisent


    Loin des persiennes grinçantes
    Qui se taisent à demi-mots,
    Dressant à mi-clos
    Le réquisitoire anti bacchantes,

    Voici donc arrivé votre fidèle serviteur! 
    Attelé le long du quai
    Un livre du bout des doigts,
    Les yeux tantôt dédiés
    Souvent baladeurs en coin.

    Act3

    Cette fin d'après-midi-là
    L’attente fût brève, 
    La pièce était au rendez-vous
    Et votre sentinelle sur la grève!

    Je tourne la der du premier chapitre
    Lève le nez de mon pupitre,
    Sur le même trottoir, pas à pas, pas rassurée
    Clopine la femme du boulanger.

    Elle porte visible en elle
    La féconde œuvre naissante,
    Qui jalousement réveille
    L’instinct des vieilles passantes,

    Tiens donc, elle quitte tôt me dis-je
    Elle qui recevait tard,
    Sont-ce les temps délétères et litiges
    Est-ce la clientèle qui se fait rare?

    Act4
    Son regard brumeux fardé de rimmel
    Soudain s’anime,
    Ses lèvres tissées de noire dentelle 
    Esquissent un soyeux mime...

    Un instant, je les croyais à moi, 
    Mais, mes œils vaillants vont 
    Bon train, un mi- dedans, l’autre pèlerin,
    Voient son regard me traversant
    Délivrent le livre… mal à mes mains.

    Assises à deux tablées, alertes
    Deux femmes profitent de cette clémence,
    Volubiles, légères et dissertes
    Par la grâce de l'ébriété connivence,

    La boulangère clopinant ripe sur votre humble, 
    À leur table stoppe net!
    Ô Chronos, suspend le temps
    C'est la danse des salamalecs.

    Act5
    Les marronniers lèvent le blocus 
    Virent les papillons
    Qui habillaient les gus
    Qui rêvaient d'évasions,

    L'oisillon ébloui
    Tombe de son nid,
    Sur les bras ouverts
    Aux bras tendus

    Qui dansent,
    Qui dansent en transe
    En transe qui danse
    Danse, danse…en transe

    Et Patatras!
    A terre, des bris de verre en tas!
    Des Ô et des Â, puis… plus rien…. 
    La rue devint pudique soudain

    Act6
    Mais c'est compter sans ce diable d'Ether
    Que les femmes ont abandonné au vin,
    Reconnaissant la boulangère
    Accourt du comptoir, son breuvage à la main,

    Ce n'est plus un trottoir
    C’est l'arrivée d'un quai de gare! 
    Ether que les jours aspiraient sans rimes
    Mime son bel étalon noir.

    Il prend la boulangère par la main
    Vaporise ses vapeurs, 
    Lui souffle son entrain
    Don Quichotte sans peur

    Elle, elle se laisse aller aux rituels
    Éclats, Phèbes entre en transe,
    On danse, on danse, en transe...
    En transe, en transe, Phèbes danse!

    Ether tousse!

    Act7
    Il fut rappelé à son évanescent destin
    Zeus sonne le tocsin, rappelle  les siens
    La canopée jette ses tentacules
    Sur les ultimes braves rayons,

    Les damnés se secouent, 
    Pieds à terre
    Pour chasser les derniers papillons
    Pour un autre univers.

    Quelques instantanés
    Qui paraissent une éternité,
    La femme du boulanger finit par s'éloigner
    Pas à pas, pas rassurée.

    Toute de noir vêtue, 
    Elle ramasse son sourire,
    Range épis et soupirs 
    Puis disparaît, sous la canopée.

    Epilogue
    Moi, je reprends ma lecture, un œil d’dans, l'autre pèlerin...


    ©Yha

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