Agrandissement : Illustration 1
Dès qu'Hypnos rejoins Morphée, Apollon se pare et moi… sur le tard!
Act1
Il avait fait exceptionnellement doux
Ce jour en fin de soirée,
Une douceur qui vous berce, vous rend paisiblement mou
Vous rappelle z'Ô délices de l’été,Aussi, ai-je décidé d'aller prendre place
Place du café de la gare,
Pour me délecter de la grâce
Des jours de rue qui s'parent.De rue...un square!
À l’ombre de douze sauvageons marronniers,
Qui froidement brisent sans égards
Les rayons qui osent s'y aventurer,Quelques rescapés animent par nuées
De papillons indisciplinés,
Les pavés et les bancs abandonnés
À l'étalage des âmes damnées.Act2
Les festivités démarrent
Dès l'ultime étoile qui s’éteint
Jusqu'au naufrage épars
Du dernier mutin,Du premier passager à l'aube éclaire
Au traînard loup solitaire,
C'est une savante guérite pour qui ne toise
Les trajectoires infinies qui s'y croisent
Loin des persiennes grinçantes
Qui se taisent à demi-mots,
Dressant à mi-clos
Le réquisitoire anti bacchantes,Voici donc arrivé votre fidèle serviteur!
Attelé le long du quai
Un livre du bout des doigts,
Les yeux tantôt dédiés
Souvent baladeurs en coin.Act3
Cette fin d'après-midi-là
L’attente fût brève,
La pièce était au rendez-vous
Et votre sentinelle sur la grève!Je tourne la der du premier chapitre
Lève le nez de mon pupitre,
Sur le même trottoir, pas à pas, pas rassurée
Clopine la femme du boulanger.Elle porte visible en elle
La féconde œuvre naissante,
Qui jalousement réveille
L’instinct des vieilles passantes,Tiens donc, elle quitte tôt me dis-je
Elle qui recevait tard,
Sont-ce les temps délétères et litiges
Est-ce la clientèle qui se fait rare?Act4
Son regard brumeux fardé de rimmel
Soudain s’anime,
Ses lèvres tissées de noire dentelle
Esquissent un soyeux mime...Un instant, je les croyais à moi,
Mais, mes œils vaillants vont
Bon train, un mi- dedans, l’autre pèlerin,
Voient son regard me traversant
Délivrent le livre… mal à mes mains.Assises à deux tablées, alertes
Deux femmes profitent de cette clémence,
Volubiles, légères et dissertes
Par la grâce de l'ébriété connivence,La boulangère clopinant ripe sur votre humble,
À leur table stoppe net!
Ô Chronos, suspend le temps
C'est la danse des salamalecs.Act5
Les marronniers lèvent le blocus
Virent les papillons
Qui habillaient les gus
Qui rêvaient d'évasions,L'oisillon ébloui
Tombe de son nid,
Sur les bras ouverts
Aux bras tendusQui dansent,
Qui dansent en transe
En transe qui danse
Danse, danse…en transeEt Patatras!
A terre, des bris de verre en tas!
Des Ô et des Â, puis… plus rien….
La rue devint pudique soudainAct6
Mais c'est compter sans ce diable d'Ether
Que les femmes ont abandonné au vin,
Reconnaissant la boulangère
Accourt du comptoir, son breuvage à la main,Ce n'est plus un trottoir
C’est l'arrivée d'un quai de gare!
Ether que les jours aspiraient sans rimes
Mime son bel étalon noir.Il prend la boulangère par la main
Vaporise ses vapeurs,
Lui souffle son entrain
Don Quichotte sans peurElle, elle se laisse aller aux rituels
Éclats, Phèbes entre en transe,
On danse, on danse, en transe...
En transe, en transe, Phèbes danse!Ether tousse!
Act7
Il fut rappelé à son évanescent destin
Zeus sonne le tocsin, rappelle les siens
La canopée jette ses tentacules
Sur les ultimes braves rayons,Les damnés se secouent,
Pieds à terre
Pour chasser les derniers papillons
Pour un autre univers.Quelques instantanés
Qui paraissent une éternité,
La femme du boulanger finit par s'éloigner
Pas à pas, pas rassurée.Toute de noir vêtue,
Elle ramasse son sourire,
Range épis et soupirs
Puis disparaît, sous la canopée.Epilogue
Moi, je reprends ma lecture, un œil d’dans, l'autre pèlerin...
©Yha
Portfolio 28 mai 2017
JOUR DE RUE
Café de la Gare - Les jours de rue qui s’parent!
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