Discrimination
Dénoncer un livre transphobe est-il un motif d'arrestation ? La police a chargé la grande majorité des manifestantes et manifestants sans raison, puis a procédé à une nasse visiblement illégale.
Procédant à une fouille violente, elle aurait découvert des masques de protection, des fumigènes, deux matraques téléscopiques et un opinel.
Elle a ensuite, sur ordre de son préfet arrêté 63 ou 64 personnes. Mégenrage, insultes, humiliations, refus d'accès à un traitement... La transphobie régnait dans les postes. Au final, seules 2 personnes étaient encore en garde à vue hier pour « participation sans arme à un attroupement ».
Ce sont des violences policières.
Désinformation
Les autrices, la presse d'extrême droite notamment celle de Bolloré, et des médias de droite, ont diffusé de fausses informations provenant de la police. Le groupe a plus tard était décrit comme "armé et détenteur d'explosifs". Mention retirée depuis.
Sur les réseaux sociaux, des trolls ont repris ces fake news, parlant de "transterrorisme" et tenant des propos dénigrant les personnes trans. Terme repris par les autrices. Des activistes reprennent des théories conspirationnistes américaines. Un phénomène nouveau là-bas, semblable à celui qu'on trouvait dans les années 1990 en Turquie.
Si l'on s'y intéresse, on se rend compte que l'association entre les personnes transgenres et le "terrorisme" semble récente dans l'histoire des personnes trans. Elle a fait partie d'une vague de violences policières et de désinformation dans le pays à partir de la seconde moitié des années 1990. Les sociologues Pinar Selek et Selin Berghan ont travaillé sur ce sujet en 2007.
Évidemment, des activistes d'extrême droite ont harcelé de nombreuses personnes qui cherchaient à débunker les fausses informations sur l'évènement qui a eu lieu à Paris. La défense de la désinformation amène à un combat contre des innocentes et des innocents.
Abandon
On pourrait penser que cette descente de police a eu lieu dans les années 60, quand la police s'en prenait aux personnes trans sur la base de lois discriminantes. Mais non, il s'agit bien d'un évènement qui a lieu en 2024.
Malgré les lois en vigueur contre les discriminations, le préfet de police ne les a pas fait appliquer. Il doit donc être démis de ses fonctions, comme les policiers sous ses ordres dans cette affaire. Et son supérieur, le Ministre de l'Intérieur doit s'excuser. Sans parler des autrices dont le livre est une incitation à la haine.
Ce climat qui fait penser à la période pré-Stonewall est lourd. Les coupables doivent être sanctionnés. Sinon, la transphobie aura gagné.
Pour conclure,
Cet évènement est extrêmement inquiétant. Il doit alerter sur les risques du retour à la répression policière quasi-systématique des personnes trans en France.
Accuser des personnes innocentes de "transterrorisme" est complotiste. La transphobie n'est pas une opinion, c'est un délit. Elle doit donc être traitée comme tel. Les victimes ne doivent pas être abandonnées.
Heureusement, plusieurs journalistes, militantes et militants ont apporté des clarifications sur cette affaire. Espérons que leur voix sera entendue, tout comme celle des victimes.
Références
Berghan, Selin. 2007 Lubunya: Transseksuel Kimlik ve Beden. Istanbul: Metis Yayinevi.
Selek, Pinar. 2007 Maskeler, Suvariler, Gacilar. Istanbul: Istiklal Kitabevi.