Les homosexuels, cibles de politiques anti-drogues depuis longtemps
On trouve dans la période contemporaine en Europe des exemples des politique de répression contre les homosexuels (qui pouvait être un terme utilisé pour désigner homos, bi, « drag queens » et femmes trans par confusion) et d'autres minorités où la consommation de drogue illégale est un prétexte de persécution homophobe.
En France, « misogynie, homophobie, stigmatisation de la déviance, telle est la combinaison fantasmatique que cristallise l’offensive anti-drogue des années vingt », selon Emmanuelle Retaillaud, historienne du genre et de la sexualité en France aux 19e et 20e siècles.
Sous l'Espagne franquiste ont été adoptées des mesures stigmatisant plusieurs minorités, traduisant de l'homophobie et de la psychophobie pour traiter les personnes considérés déviantes. La « Loi de danger social » a permis d'enfermer les personnes considérées asociales. Sont donc condamnées les personnes en situation d'addiction, les travailleuses et travailleurs du sexe et des personnes LGBTQIA+, qui peuvent aussi faire partie de ces catégories dans cette lgbtphobie ambiante.
L'homophobie, toujours un facteur de la prise
Aujourd'hui, la consommation de drogues est plus importante dans la communauté homo (et LGBTQIA+) que dans la population en général. Mais il y a beaucoup d'exagérations et il persiste une image d'épinal stigmatisante. Notamment les raisons de la prise.
Selon plusieurs études, les actes, propos, discriminations, stigmatisations et violences homophobes constituent l'une des raisons qui poussent les victimes de cette domination, à consommer de la drogue. Et pour cause, leur santé physique et mentale est visée par leurs agresseurs. L'impact est tel que cela se ressent dans la vie de tous les jours : travail, relations etc. Ce qui peut entraîner une précarité économique et des problèmes de santé mentale.
Abordons le Monde du Placard. Il est à la fois un lieu rassurant où l'on se retrouve en communauté. Mais comme chaque communauté, des pratiques culturelles se développent. Et la prise de drogue y est courante. Une forme d'auto-médication face aux problèmes de dominations subies pour certains, mais cela a ses limites. Le lien social qui se tisse avec d'autres personnes qui connaissent les mêmes problèmes peut aider, mais pas toujours.
Éradiquer la précarité, pas l'homosexualité
Il y a une domination homophobe systémique. Celle des bourgeois, défendant une vision validiste et hétéronormée de la société. Cette homophobie systémique existe dans le monde francophone et ailleurs. Elle a pour but d'affaiblir les homos. C'est ce qu'on retrouve dans les politiques anti-drogues, qui s'en prennent aux victimes, souvent des minorités.
La politique anti-drogue ne fonctionne pas, elle est discriminante. Légaliser les produits illicites, lutter contre le capitalisme présenté comme asservissant les travailleurs homos, la garantie d'un accès égal aux soins de santé (la sensibilisation également), et la réclamation de sanctions réelles contre l'homophobie sont des revendications d'associations.
La droite a choisi sa cible, une partie de la gauche hésite dans sa stratégie. La précarisation économique, le manque d'accès aux soins les plus fondamentaux sont les effets d'une homophobie systémique que défendent les droites. Bien qu'évidemment tous les membres de la communauté homo (et LGBTQIA+) ne consomment pas de drogues illégales, la droite stigmatise depuis longtemps celles et ceux qui en prennent, sur la base de leur identité. Et elle ne se préoccupe que peu souvent des personnes addicts.
Pour conclure, la consommation de drogues dans la communauté homo et dans le reste de la population n'est pas nouvelle. Mais plusieurs politiques anti-drogues ont utilisé les homos comme des boucs-émissaires. Pourtant, la consommation dans la communauté est entre autres le résultat d'une homophobie systémique qui précarise les victimes de cette homophobie. Légaliser les drogues illicites, abolir cette domination, assurer de véritables soins (et sensibiliser), et condamner les véritables coupables seraient des solutions pour les associations.
À noter que les homos ne sont pas les seules minorités visées dans les communautés LGBTQIA+ ou parmi d'autres minorités. Et la consommation de drogues légales (médicaments, tabac, alcool etc.) concerne une très large part de la population en général. Elle-même concernée par les prises de substances illégales. Si une partie de la gauche prône la lutte contre les dominations que subit la population, la droite cherche à la divisier pour la détourner de cette lutte. Ce qui lui laisser le champ libre pour fédérer les droites et accroître ses chances de victoire.
Le fascisme s'en est toujours pris aux minorités très rapidement une fois au pouvoir. Celles qui avaient choisi d'adopter une attitude respectable, se conformant aux normes des dominants, ont été visées moins rapidement. Mais elles ont été visées. Les histoires actuelles et passées, les cultures, les droits et les vies des minorités ne doivent risque d'être effacées
Source papier
Velter, A. (2007). Etat dépressif, conduite suicidaire et discriminations homophobes. Dans A. Velter (dir.), Rapport Enquête Presse Gay 2004. Saint-Maurice, France : Institut de Veille Sanitaire.