DIPLOMATIE MEDICALE: LE VAL DE GRÂCE À L'EPREUVE DES BOBOS AFRICAINS
Léon MBA 1er président du Gabon en 1961 était lié par des accords de coopération et militaire avec la France. Il fut renversé à la faveur d'un coup d'état fomenté par son vieux rival et opposant démocrate Jean-Hilaire Aubame, suite à ses velléités de se tailler un pouvoir sur mesure avec un parti unique.
La France, au nom de ses accords avec le Gabon le ramène militairement au pouvoir.
Malheureusement pour Paris, le président Mba tombe gravement malade. Atteint d'un cancer incurable, il fut admis à l'hôpital militaire parisien du Val de Grâce ou valse en toute discrétion la diplomatie médicale.
Paris panique à l'idée de perdre ce précieux allié. Elle dépêche auprès de lui au Val de Grâce Jacques Foccart secrétaire général de l'Élysée aux affaires africaines et malgaches de 1960 à 1974, connu sous le sobriquet de Monsieur Afrique du Général De Gaulle.
Sous la houlette et les conseils forts avisés de Foccart, le président Mba rédigera la 2ème constitution du Gabon qui prévoit la création d'un poste de vice-président qui prendra le relais en cas de vacance du Pouvoir. La nouvelle constitution sera adoptée par le parlement et promulguée.
On nomma alors à ce poste un certain Albert-Bernard Bongo.
L'état de santé du président MBA se dégrade. Dès 1965, dans l'incapacité d'assumer la présidence conformément au plan de Foccart, il cède le pouvoir à son vice-président Albert-Bernard Bongo. Celui-ci sera réélu, président en 1967, date du décès à Paris de Mba.
En 1973, Albert-Bernard Bongo se convertit à l'islam et devient El Hadj Omar Bongo. C'est l'époque du choc pétrolier qui voit le déclin des nationalismes arabes et la montée en puissance des monarchies islamistes du golf, sous la houlette de l'Arabie Séoudite.
Il régnera sans partage durant presque 42 ans, du 2 décembre 1967 au 8 juin 2009, date de son décès dans un hôpital espagnol et non au Val de Grâce , car menacé par l'affaire dite des biens mal acquis.
Entre-temps, il a été reçu à l'Élysée par le général de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Il avait également pour habitude de recevoir dans son bureau les principaux responsables politiques français et avait la réputation de faire preuve de largesses politiques.
Pour Omar Bongo « L'Afrique sans la France, c'est la voiture sans le chauffeur. La France sans l'Afrique, c'est une voiture sans carburant».
Youcef Hadbi
Architecte