
Le ministre algérien de l'industrie et des mines Abdeslam Bouchouareb et Ali Hadad président du FCE a Detroit aux Etats-Unis début décembre 2015
Après le Général Khaled Nezar, c’est autour du Général Mohamed Mediene d’élever la voix contre la parodie de justice qui a mené à la condamnation du Général Hassan à cinq années de prison ferme. Des voix qui grondent donc contre cette condamnation et pas des moindres, puisqu’il s’agit de deux maillons qui comptaient parmi les plus importants de la chaîne de commandement de l’armée nationale populaire, garante de la défense de la souveraineté nationale. Si le premier avait qualifié de criminelle la condamnation du Général Hassan, Mohamed Mediene évoque une injustice envers un patriote animé d’une passion exemplaire au service du pays. Car, qui mieux placé que l’ex-patron du DRS pour juger un élément de son département sur son honnêteté professionnelle, sa loyauté et son dévouement pour les missions dont il était chargé afin de préserver la sécurité des citoyens et des institutions de la République. C’est dire que quelque chose ne tourne pas rond dans les sphères du pouvoir pour que deux de ses principaux animateurs à la retraite ne s’offusquent d’une telle condamnation.
Il est inutile de rappeler l’opacité et l’effacement médiatique qui entourait Mohamed Mediene par le passé et ce quels que soient les circonstances. S’il est sorti exceptionnellement de sa réserve devant cette affaire, c’est que derrière cette condamnation se dissimule probablement un fait d’une gravité critique qui l’aurait amené à briser le silence. En s’adressant à l’opinion générale de façon explicite : « … j’ai estimé qu’il est de mon devoir de faire connaître mes appréciations à l’intention de tous ceux qui sont concernés par ce dossier, ainsi que tous ceux qui le suivent de près ou de loin », non sans avoir averti qu’il avait au préalable « usé de toutes les voies réglementaires et officielles », ne voulait-il pas alerter l’opinion sur sa préoccupation de la gravité d’un tel fait. Par son « intrusion médiatique », Mohamed Mediene voulait-il alors délivrer un message aux Algériens en se gardant de s’étaler sur les détails, qui d’ailleurs sont connus de tous, pour éviter certainement le traitement qu’a connu le Général Benhdid, en ayant détaillé les dérives qui caractérisent la gouvernance de l’entourage de Bouteflika? Car il ne s’est pas contenté d’exiger la réparation d’une injustice, dont le Général Hassan est victime, mais de préciser que cette affaire suscite naturellement « des questionnements légitimes »
S’agit-il d’une mise en garde contre une dérive plus grave encore que le traitement arbitraire que cette affaire ne laisse penser de la part des tenants du pouvoir actuel ? Sinon pourquoi il s’est employé à mettre en garde contre d’éventuels dévoiements de ses propos et de leur détournement du but recherché. À se demander quel but son intrusion médiatique recherchait-elle ? Mohamed Mediene ne pouvait sortir de sa réserve exclusivement pour mettre en garde l’opinion contre l’incohérence et l’arbitraire qui s’est emparé de la justice militaire et de ses éventuels commanditaires, que tous les Algériens peuvent aisément deviner. Surtout que l’acharnement de la justice militaire cible depuis un certain temps toute voix discordante au consensus qui entoure le président Bouteflika et son frère Saïd, à commencer par le Général Benhdid qui est encore en attente de son jugement.
Il apparaît claire dans ses propos qu’il s’agit moins « de laver l’honneur » pour l’honneur du Général Hassan exclusivement ou de quelques victimes de l’arbitraire et de l’acharnement de la justice, mais surtout de pointer du doigt la vulnérabilité de tout cadre entièrement dévoué à la défense de l’Algérie. Tout en précisant que « sa loyauté et son honnêteté professionnelle ne peuvent être mises en cause », il poursuit explicitement en mettant l’accent sur le fait qu’ « il fait partie de cette catégorie de cadres capables d’apporter le plus transcendant aux institutions qu’ils servent.» Il en ressort donc que c’est leur patriotisme qui est la cible de cet acharnement et dont Mohamed Mediene voulait en alerter l’opinion.
On est en droit de déduire que le contenu de son message est une mise en garde contre cette dangereuse causalité entre patriotisme et acharnement judiciaire, qui ne peut avoir pour conséquence, à terme, qu’une atteinte à la souveraineté nationale. Comme il l’a lui-même suggéré en incitant l’opinion à des questionnements légitimes. Qui mieux placé que l’ex-patron du DRS pour être au fait de la perte de souveraineté nationale sous l’ère des frères Bouteflika, de Chakib Khelil et de tout le sérail à leur service, dont le critère de cooptation se mesure à leur déficit de patriotisme et à leur aptitude d’être facilement maniables et volontairement perméables à la corruption. On est en droit de le penser au regard des décisions économiques et financières prises sous la gouvernance de Bouteflika depuis près de 15 ans. À commencer par le gaspillage de près de 1000 milliards de dollars, sans avoir permis à l’économie nationale de pouvoir être en mesure de créer des richesses et donc des emplois, qui auraient permis une intégration socio-économique des Algériens et de s’émanciper de la dépendance de la rente. Pire, dans sa fuite en avant, sous la pression internationale, l’exécutif sous Bouteflika ira jusqu’à hypothéquer les perspectives de développement en profondeur des capacités productives nationales en ouvrant la voie à la profanation des immenses territoires du sud algérien à l’exploitation des hydrocarbures de schiste. Alors que les dernières révélations d’une chaîne de télévision américaine, qui fait état d’une promesse d’investissements algériens aux États-Unis d’ici 2019 d’une somme de près de 260 milliards de dollars, qui auraient été annoncés selon cette chaîne par le ministre de l’industrie et des mines, abdeslam Bouchouareb, accompagné du président du FCE Ali Haddad, aussi fantaisiste soit-elle comme information, celle-ci renseigne du moins sur la volonté de l’exécutif devant son absence de préoccupations face à la priorité de dynamiser l’économie nationale et leur soumission aux chants des sirènes. Ces dérives antipatriotiques ne permettent plus de spéculer sur une quelconque crédibilité « du programme du Président ». Et par comble du mépris envers les Algériens et leurs intérêts vitaux, l’exécutif ne se gène plus de voter une loi de finance 2016 antisociale sans précédent depuis l’accès de l’Algérie à son indépendance.

En prenant à témoin l’opinion algérienne, Mohamed Mediene ne voulait-il pas tout simplement dénoncer la perte de souveraineté nationale au profit de mains étrangères, qui seraient les véritables commanditaires de ces parodies de justice et des purges en cascade au sein de la chaîne de commandement de l’armée nationale et des services, dont il est impuissamment témoin et victime ! En rejoignant Khaled Nezar par la qualification de cette condamnation de criminelle, sinon de traîtrise ! En d’autres termes, Le Général Mohamed Mediene voulait-t-il tout simplement avertir les Algériens du danger de la situation, par le fait que l’Algérie vient de consommer son passage de la tutelle de Rab D’Zair sous les griffes de Rab E’Denya !