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Billet de blog 25 janvier 2017

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CAN 2017, le ministre des Sports décide de nous rendre des comptes !

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Le lynchage que vit Raouraoua de la part d’Ennahar et d’El Heddef, deux principaux médias satellites du pouvoir, ainsi que l’ensemble des journalistes et commentateurs sportifs « autorisés » pour leur excellence dans le maniement de la langue de bois, ne traduit pas moins la volonté du pouvoir de faire sauter toute l’installation cette fois-ci, au-delà du fusible (le sélectionneur) qu’il a coutume de changer à chaque échec de l’équipe nationale. La formule ne marche plus, en quelques mois trois sélectionneurs ont sauté, sans résultat et sans amélioration significative de la compétitivité de l’équipe nationale. Cette dernière cuisante sortie prématurée de la CAN 2017 a provoqué une situation d’humiliation nationale où quarante millions d’Algériens ne sont pas prêts de décolérer et réclament des têtes. Le pouvoir a compris le danger du risque de désinvestissement du peuple dans cette aubaine qu’est  l’opium du football. Le ministre de la Justice l’a affirmé avec détermination, « on doit rendre compte au peuple algérien de cette débâcle ». Raouraoua est le bouc émissaire idéal. Tous les débats doivent être focalisés sur sa personne. Le lâché des chiens de garde fait fureur sur les plateaux de tv satellites du pouvoir et des autres médias asservis. Il faut rendre compte au peuple de la débâcle pour sauvegarder l’émotivité populiste qui nourrit les faux espoirs et la joie éphémère des résignés et de tous les laissés pour compte. Dans toute dictature le football est roi parce qu’il est le moyen le plus efficace pour cimenter un consensus nationaliste aveugle dépouillé de toute substance politique, qu’il ne faudra pas confondre avec le patriotisme que nourrit toute participation sportive d’une nation dans les compétitions internationales. On n’entendra jamais les ministres de la justice, de l’économie, de l’éducation nationale, de l’agriculture, ou de tout autre secteur sinistré après des scandales plus terribles encore tels que les révélations fracassantes sur la corruption, sur le classement de l’université algérienne dans le monde, voir seulement en Afrique, dire que l’on doit rendre compte au peuple ! Détrompons-nous, Raouraoua n’est qu’un gros fusible parmi tant d’autres, dont le pouvoir use et abuse au gré de ses besoins structurels pour maintenir une illusion de fonctionnement intégré de nos institutions et de l’Etat. Tout autre ministre, chef de parti, général, qu’il soit même le chef du DRS, est exposé à cette ultime sanction lorsqu’il n’est plus utile au système. Ce n’est pas d’une autocritique à laquelle le ministre des Sports nous convie lorsqu’il prétend nous rendre des comptes, mais bien d’une grossière manipulation de l’opinion en sacrifiant un lampiste, qui au demeurant s’était bien gargarisé de sa part de rente le long de sa carrière en cautionnant une politique footballistique désastreuse. Absence d’investissements conséquents dans les infrastructures, absence de centres de formation, d’innovation en matière de médecine du sport, de moyens sécuritaires pour enrayer la violence dans les stades, d’une gestion saine et transparente des clubs de football et plus particulièrement d’un processus de désignation des hautes responsabilités au sein de la fédération dont le modèle est le reflet de celui qui préside à la désignation des hautes sphères du pouvoir. Le ministre des Sports devrait également rendre compte de la débâcle aux jeux olympiques du Brésil lorsque Makhloufi avait dénoncé la dérive de la délégation algérienne qui s’est plus préoccupée du séjour des familles de ses membres en délaissant les premiers concernés à savoir ceux qui devaient élever l’emblème national sur le toit du monde. Le ministre des Sports peut toujours causer comme dirait le peuple, ce ne sera pas surprenant s’il évoquera cette fois-ci l’alibi des pieds de l’étranger à défaut de la main étrangère, inopérante dans ce contexte. Adieu Leekens, adieu Raouraoua et à la prochaine débâcle.

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