Le parlementarisme, c'est quand même fabuleux. Les gens ont voté PS en 2012 parce qu'ils en avaient assez de Sarkozy le thatchérien et ils se retrouvent avec Macron qui dit, lui, à quel point il admire la Dame de Fer.
Élections à nouveau (dites intermédiaires) où contre le libéralisme PS, le libéralisme UMP triomphe. (En fait, le principe d'inertie est le suivant : on prend l'un pour taper sur l'autre mais l'un et l'autre sont semblables).
La suite est connue. Une droite droitisée va revenir au pouvoir dans deux ans, le temps pour le PS de se refaire la fraise. Et ainsi de suite.
Le seul qui engrange des forces dans tout ça, c'est le FN néo-pétainiste (plutôt que fasciste car le pétainisme est plus parlementaire que le fascisme même s'il n'est pas moins criminel). Il est le bénéficiaire de la frustration engendrée par la morne répétition des épisodes électoraux sans effets ni lendemains mais aussi, il faut bien le dire, du consensus républicain laïcard islamophobe dont le délire anti-foulard est un des aspects les plus... ostentatoires ! (L'émission Répliques d'Alain Finkielkraut, programme phare de ce courant de croisés postcoloniaux à l'assaut des "territoires perdus" de la République aurait dû fêter ses 30 ans samedi dernier mais la grève (hi hi) l'en a empêché).
L'émancipation, elle, n'a aucun avenir dans un isoloir. Il suffit de regarder ce qui se passe en Grèce...
Donc on fait quoi ?
Il existe des pistes. Le film Selma rappelle qu'il y eut au XXème siècle et en dehors de la question du pouvoir d'Etat (ni révolutionnaire marxiste classique, donc, ni parlementaire inerte et morne) des inventions politiques émancipatrices inouïes, singulièrement du reste du côté de la politique noire (héritiers de Toussaint Louverture que furent Martin Luther King Jr., Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Nelson Mandela...). Mais une fois encore, il semble que les urnes sont irrémédiablement du côté de la morne répétition voire de la réaction la plus rance.
Une politique de présence et non plus de représentation reste à inventer.